TRAITÉ DE VIENNE 1684. RAfiUSE AD XVIIIe SIÈCLE 87 système inauguré par Louis XIV en Europe : la guerre à l’Empire sous toutes ses formes. Venise contre Baguse, c’était encore un épisode de cette guerre ; la ville gibeline quand même, persécutée par la ville guelfe, amie de la France. Bépétition du phénomène datant de Charles V lorsque Baguse, tout en entretenant les meilleures relations avec François Ier, ne pouvait pas cacher ses sympathies pour l’Empereur. Le 21 juillet 1696 de la Haye 1 écrivait : > Il court depuis quelques jours un bruit dans Venise que la Bépublique a dessein d’envoyer au plustost des trouppes et munitions de guerre au noble Dolfin, provéditeur général en Dalmatie, pour attaquer Baguse. Je ne sçay pas bien sur quel fondement cette nouvelle se débite et si elle est véritable, car si la Bépublique attaque les Bagusois, elle désobligera l’Empereur qui tient présentement ces petits républicains soubs sa protection, et d’ailleurs les Vénitiens, depuis deux ans, trafiquent dans les échelles du Levant avec grand nombre de bastimens qui portent le pavillon de Baguse. » La nouvelle était fortement exagérée. Dolfin avait seulement reçu des instructions pour l’occupation immédiate des positions herzégoviniennes limitrophes de Baguse, dans le cas où l’Empereur s’emparerait de la Bosnie. C’était la grande peur de Venise : l’occupation autrichienne de la Bosnie et Baguse se rattachant à l’Empereur pour monopoliser tout le commerce de l’Hinterland. Le successeur de Girardin, M. de Castagnères de Chateauneuf, se trouva en présence d’une nouvelle question. Les Bagusains avaient recouvré la liberté de leur pavillon pour le compte de Venise. Tout le commerce vénitien se faisait sous leur nom. Baguse, 1- Affaires étrangères, Venise, Correspondance politique, 121, fol. 176