LE TRAITÉ DE COMMERCE (1776), ETC. 203 Nous dirions volontiers — si on nous permettait cet anachronisme — que Bruère est déjà un jacobin déguisé. Son style brutal et pompeux n’a d’aisance que lorsqu’il correspond avec les membres du Directoire. C’est là qu’ü donne libre carrière à ses sentiments. Il appelle la patrie de Bosoovich, « une bicoque qui n’a nulle communication aveo les Puissances de l’Europe», une «terre infectée d’aristocratie », un « trou obscur gouverné par d’odieux aristocrates orgueilleux, tenant encore leurs peuples des campagnes sous l’esclavage des temps barbares1 ». Toutes ses idées, le mépris pour l’Etat auprès duquel il était accrédité, sa haine — réelle ou feinte — pour l’aristocratie, son manque de tact et d’urbanité, ses intrigues qui ne se dévoilèrent complètement qu’après 1789, tout nous révèle en lui un type de * gentillâtre aigri du règne de Louis XVI, tout prêt par errour François, se rapporte à son fils Marc, né en Franco, élevé à Raguse avec les entants de ces patriciens que son père méprisait si fort, et qui racheta les intempérances de celui-ci par une profonde affection pour sa patrie adoptive Charles n'a jamais été poète et loin de montrer un esprit « délicat et cultivé » comme le dit M. l’isani, qui confond le père avec le iils, la correspondance qu’il eut plus tard avec le Directoire sur la société et sur la littérature de Kaguse nous révèle un personnage incapable d apprécier lemagnilique épanouissïmentde la civilisation slavo-latine dont la ville de ëaint-tllaise fut le représentantattitré. Son fils Marc épousa une raguaaine, M1** Kissitch. 11 possédait la langue serbe à la perfection, l'oète, dans ses chansons île Noël, dans ses satires, dans ses belles traductions d’Horace, de Catulle, de Martial et da Plants, il fut un des plus éminents représentants de la poésie wrbe du ïyIii» siècle. Il avouait à son ami Métro S or go, patricien de Kaguse, avoir presque entièrement oublié le français et être incapable d écrire dans sa langue maternelle. La rue où était située la maison de Marc Itrucre-Uesri-veaux s'appelle « rue liruère » en souvenir de cet éminent poète, ami de Raguse. Nommé, par Louis XY1II, Consul général à Alep, il mourut en route, à Chypre, en 18i3. 1. Raguse, le 6 nivrtse an IV (87 décembre 1795) et 14 thermidor an IV (l" août 1796). Affaires étrangères, Raguse, 1784-1817. Publiées en 1882, par M. Svergliouga dans les actes de l’Acadé-inie d'Agram.