TRAITÉ DE VIENNE 1684. RAGUSE AD XVIIIe SIÈCLE 61 Le traité de Passarovitz marqua donc la consécration de l’indépendance de Eaguse dans la nouvelle Europe du traité d’Utrecht. Sa situation internationale est désormais irrévocablement fixée. Elle n’a plus la crainte de disparaître ni sous la domination vénitienne, ni sous une éventuelle occupation impériale. O’est depuis cette époque que Eaguse commence à jouir de la vie facile et fastueuse du Settecento italien et que sa marine marchande devient, pour la seconde fois dans l’histoire, un élément sérieux de force et d’activité dans la Méditerranée et dans l’Adriatique. La ville s’embellit. Les brèches causées par la catastrophe de 1667 sont réparées. L’architecte Andréa Buffalini d’Urbin achève la svelte coupole de Sainte-Marie Majeure en 1713. Une nouvelle église vouée à saint Biaise, le protecteur de la République, s’élève à la place de l’ancienne, incendiée. L’église des Jésuites se dresse en 1725 d’après le projet du célèbre Pozzo. Le collège ragusain est achevé en 1735. Eaguse n’est plus un joyau de la renaissance romano-véni-tienne du Quattrocento dont le Palais des Eecteurs et la Douane sont les superbes débris ; elle n’est pas non plus la ville de l’ancienne gothique italienne du xive siècle, excepté dans les splendides cloîtres des monastères de Saint-Prançois et de Saint-Dominique, mais elle offre à son déclin l’aspect d’un musée d’architecture où toutes les époques étalent leurs styles, depuis l’ogive sévère du Trecento jusqu’aux anges boursouflés du xvme siècle. Les intérieurs des palais du patriciat ragusain récèlent des merveilles de luxe et d’élégance, malgré la sobriété proverbiale de leurs habitants. Porcelaines de Sèvres et de Saxe, tableaux des grands maîtres des la Eenaissance, nappes de Flandre, dentelles de Va-lenciennes et du fameux « point de Eaguse », cristaux