BAGDSB ET LA MJSSIE (1770-1775) 190 avait oonvcrti une question politique en une simple affaire commerciale. Ragnina quitta Pise en octobre et passa par Rome. Il reçut l’accueil le plus cordial de Pie VI, qui le chargea de remeroier la République de Raguse « d’avoir témoigné de son zèle pour la Sainte Religion catholique en refusant la construction d’une chapelle grecque dans le pays malgré les menaces du comte Orlov de bombarder la ville et de détruire l’Etat *. » La chapelle du oonsulat ne fut pas non plus bâtie, mais en 1700 le gouvernement accorda aux or i hodoxes la permission de construire une petite chapelle dans un endroit isolé, à 2 kilomètres de la ville. Un pope herzégovinien y viendra de temps en temps pour psalmodier en slavon la liturgie du Chrysostome, Ce oonsulat et cette chapelle arrachés aux patriciens de Raguse contenaient en germe tout un programme. Les « idées lointaines » devinées par le Vénitien Hoeenigo commençaient à se dessiner dans la convention de Livourne. A partir du 25 juin 1775 — presque jour pour jour un siècle avant l’insurrection herzégovinienne — la Russie entretint chez les Yougoslaves les longs espoirs en formulant plus d’une fois sous la forme du slavophillame orthodoxe le rêve que les poètes ragusains du xviie siècle avaient entrevu et chanté sous l’égide de la catholique Pologne. Ce pied-à»terre russe dans l’Adriatique fut, avec le Monténégro, un jalon posé par l’Empire du Nord dans sa marche vers son hégémonie sur l’Europe Orientale. Cette politique n’eut cependant pas de lendemain. Après avoir excité les imaginations facilement inflammables des Slaves du Sud, la Russie les oubüa pour les besoins positifs de sa politique. Elle se retira complètement de l’Adriatique, Elle permit au con- 1. Ragnina an Sénat, H novembre, op. cit., 68.