150 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS L’ADRIATIQUE décent, selon moy, que la République se mît sous la protection de cette dame et que, d’ailleurs, en sollicitant ses bontés au nom de la République, il faudrait que le présent fût très considérable, je pourrois luy offrir comme de moi-même une galanterie qui fût à la fois et riche et sacrée, afin de l’engager à prendre mes intérêts, ce qu’elle feroit infailbblement. Des personnes qui ont accès auprès d’elle m’ayant prévenu que pour obtenir quelque grâce de la marquise il étoit à propos de s’aller la voir en particulier les mains pleines. Ainsi ce présent pourroit être une relique enchâssée dans une boîte d’or de cent sequins au moins. Je ne fais toutes ces ouvertures à Vos Excellences que pour faciliter la révocation du consul qui sera sûrement rappelé, si Vous le voulés. Mon séjour à Versailles sera plus long que je ne croyois, mais peu m’ünporte pourvu que mon affaire réussisse. » Et il continue, en traçant en quelques lignes un tableau de l’état de la France. « Tout le monde m’assure que je réussirai, mais on me conseille de prendre patience parce qu’il est difficile de terminer dans cette Cour quelque affaire que ce soit, attendu les objets importants dont les ministères sont occupés à l’occasion de la mort de l’archiduchesse Isabelle. La Cour de Versailles a repris le deuil qu’elle avoit quitté peu de jours auparavant, après l’avoir porté trois semaines pour le Roy de Pologne, père de la' Dauphine. « Le Royaume de France est réduit aux dernières extrémités, tant pour le faste excessif de la Cour, que par les guerres qiü l’ont ruiné. Les officiers et autres ne toucheront guère que dans cinq ou six ans les gages ou salaires qui leur sont dus pour cette année. Tel qui est obligé de porter un habit d’étoffe d’or n’a pas dix louis dans sa poche. La Reine 1 qui 1. Mario Leszczinska.