6 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS l’aDRIATIQÜE Il fallait reconstituer un gouvernement régulier. Bona convoqua les patriciens (10 juin) dans la Scuola di 8. Lazzaro. Trente-six membres du Grand Conseil y parurent en robe de deuil. On élut un gouvernement provisoire de douze patriciens. Nicolas Bona et Marino Caboga y furent les personnages les plus influents. On repoussa une proposition tendant à déserter la ville et en bâtir une autre plus loin sur le littoral, puisque les bastions-et les forteresses, qui font de Ragnse une rivale de Carcassonne et d’Aiguea-Mortes, étaient restées debout. On décida de maintenir la vieille constitution aristocratique et de demander des subsides à la Chrétienté. La question constitutionnelle, qui avait déjà agité les esprits et qui était posée entre la bourgeoisie et le patriciat, fut réglée dans un esprit oligarchique. Il ne pouvait pas en être autrement. Ce fut en vain qu'Etienne Gradi, un (les plus illustres patriciens de Ragnse des temps modernes, vice-bibliothécaire du Pape, que nous rencontrerons plus tard sur le chemin de Paris, avait demandé de Rome une agrégation en masse do la haute bourgeoisie. Il répétait à cette république aristocratique, plus aristocratique que Venise un siècle avant Montesquieu, « que la meilleure aristocratie est celle où la partie du peuple qui n’a point de part à la puissance est si petite et si pauvre, que la partie dominante n’a aucun intérêt à l’opprimer 1 ». « Ouvrez le Grand Conseil », s’écriait l’abbé patri- v«!rit# do« paroles adressées par Bona k Cornaro. Bona nous a laisse. d ailleurs. luì-riv'ine uno touchante relation des événement.« auxquels il a pris une >i larue part. L'air de sincerile et de modestie du grand patriote no laissent pas de produire une profonde impression sur les lecteurs do ces pages encore inédites qui se trouvent dans la bibliothèque des Franciscain* à ItaKUse. t. Esprit des lois, liv. II, chap. ni.