LOCIS XtV ET RAGCSE (1667-1680) 39 Le 22 septembre, Gradi est à Paris. Le 7 octobre, il annonce de Paris au Sénat1 l’éclatant écheo de sa mission : l’ordre du Roi, qui lui est t ransmis par M. Giraut, introducteur des ambassadeurs, de quitter immédiatement le territoire français. Que s’était-il donc passé dans l’espace de quinze jours t Comment expliquer cette grave insulte à la République, cette volte-face du Roi après les vagues mais courtoises lettres adressées au Sénat en 1667 et 1668! L’offense faite à Gradi rejaillissait sur Bossuet et sur Montausier, qui l’avaient assuré d’un accueil gracieux de la part de Louis XIV. Voilà ces deux influents personnages condamnés à assister, impuissants, à l’expulsion pure et simplè de l’homme qu’ils avaient encouragé en cette mission et dont l’amitié leur était si précieuse ! Mais donnons la parole à Gradi lui-même, qui de Rome rend compte au Sénat de sa mission manquée : « Le procédé rigoureux et injuste envers ma personne, écrit-ü le 2 décembre2, l’ordre qui me fut donné de quitter le royaume sans avoir même pris connaissance du but de ma mission, a étonné tout le monde, surtout l’évêque de Condom et M. de Pomponne qui appréciaient en tous points ma démarche. On dit que j’ai été suspecté d’avoir reçu du Pape une mission secrète pour des affaires odieuses à la cour de France (per ajfari odiosûsimi in qneUa Cotte) et que j’ai été dénoncé au Roi comme janséniste et comme auteur d’un hvre rempli des erreurs de cette secte J. On voit à Paris le Jansénisme partout. On accuse 1. Idem, n* 1085. 2. Correspondance de Gradi, ibid., n» 1092. 3. Gradi fait allusion à son fameux ouvrage latin déjà cité, une forte et habile critique de la morale des Jésuites, approuvé par te Saint-Siège.