LE TRAITÉ DE COMMERCE (1776), ETC. 231 neutralité armée faite par Catherine (août 1780) et tandis que l’Angleterre déclarait la guerre à la Hollande, Boscovioh écrivait au Sénat : « Il faut désirer la paix pour le bien du monde, mais la guerre qui n’a pas l’air de vouloir finir bientôt est bien plus utile au pavillon do Raguse 1 ». En effet, les pavillons de Raguse et de Venise furent pendant toute la durée de la guerre les seuls vraiment libres dans la Méditerranée. Toutes les marchandise«, les vivres et même la contrebande de guerre, tout s’écoulait en Espagne, en France, en Angleterre, sur les voiliers des républiques de l’Adriatique, qui se dédommageaient enfin des crises douloureuses du commencement du siècle et do la concurrence des Anglais et des Hollandais. Des richesses énormes s’acoumulèrent à Raguse entre 1779 et 1783. Le 2 avril 1782, Boscovich, qui habitait à Paris chez le marquis de Mirabeau, signala au Sénat des bruits de paix. B hésitait entre ses sentiments chrétiens et son désir de voir les richesses s’accumuler dans son pays natal : « Bien que la guerre soit d’un immense avantage pour notre pays — écrivait-il *— je ne doute pas que dans la bonté de Votre cœur Vous préfériez la paix. » En quoi, il se trompait. La République désirait la continuation de la guerre. Son commerce avec la péninsule balkanique avait reçu un rude coup par l’ouverture de l’échelle vénitienne de Spalato, ainsi que par la diminution progressive du mouvement commercial dans les pays du Grand Seigneur. Le moment était propice pour se dédommager amplement du côté de la mer, et à la France la continuation du bonheur dont elle jouit sous Louis X.V1 ». Et, faisant allusion à la tranquillité et prospérité de la France au milieu du bruit des armes, Boscovich s'écriait : Nos placida fruimur regali in seile (¡uiete, üecuraeque tais gaudent in finibus urbes. 1. Pont-sur-Seine, 18 octobre, Correspondance.