TRAITÉ DE VIENNE 1084. RAGÜSE Aü XVIII' SIÈCLE 59 la ville serbe de Pozarevats (Passarovits) en 1718 sa consécration définitive. Dès les premières ouvertures de paix, l’Empereur ne compta plus sur la République de Raguse. Le ministre impérial était traité par le Sénat « beaucoup plus comme une ombre » nous dit une relation vénitienne de l’époque « que comme le représentant de celui qui l’avait envoyé ». Le voisinage vénitien redevint le grand souci de Raguse. La diplomatie ragusaine joua de nouveau d’adresse et s’appuyant tour à tour sur Vienne et sur Constantinople, désespérant d’un changement radical dans le statu quo balcanique, elle préféra s’entourer sur toute la frontière des terres du Grand Seigneur plutôt que de subir le voisinage de sa puissante et redoutable rivale. Raguse, d’ailleurs, n’avait pas le choix. Le voisinage ottoman était encore, par ime étrange ironie de l’histoire, le plus sûr rempart contre les convoitises des princes chrétiens ! Le premier drog-man de la Porte, le grec Maurocordato, ne dira-t-il pas à l’envoyé ragusain Bucchia en 1700 : « L’Empereur vous est plus hostile que les Vénitiens. Il désire votre anéantissement plus que les Vénitiens eux-mêmes afin de devenir le voisin du royaume de Naples, ce qui lui serait d’une grande utilité. » Et sur une dénégation de l’envoyé ragusain, Maurocordato ajoutera : « Dans le voisinage de l’Empereur, votre liberté disparaîtrait. Vous ne la conserverez que sous la protection de la Porte ‘. » Malgré l’opposition du plénipotentiaire vénitien, Ruzzini2, les autres grandes puissances se rangèrent 1. Dépêche de Yladislas Bucchia, ambassadeur à Constantinople, au Sénat, 19 janvier 1.700. Archives (le l'Elat de Raguse. 2. « L'Empereur » écrit M. de la Haye à Louis XIV, le 23 mai 1699 « favorise autant qu'il le peut la République de Raguse pour luy faire obtenir dans le règlement des limites certains chemins par où les marchandises des places voisines