476 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS L’ADRIATIQUE du 2 octobre 1769 : « Les armements russes dans la Méditerranée se sont convertis en flotte » ne donna à l’apparition de celle-ci qu’une attention distraite. Il n’est que juste d’ajouter que le mauvais état de la flotte de Catherine n’augurait rien de bon pour le succès de la campagne. Raguse afficha donc dans l’appui forcé qu’elle prêta à la Turquie un sans-gêne qu’elle n’aurait certainement pas eu dans une guerre maritime de la Porte avec la France ou l’Angleterre. Cette fatale méprise faillit coûter à la République son indépendance *. La flotte russe, aux ordres des amiraux Spiridov et Mordvinov et du contre-amiral anglais Elphin-stone, après avoir fait escale à Livourne et embarqué Alexis Orlov, avec son frère Théodore, cingla pour la Morée afin de soulever les Grecs. Les Russes rencontrèrent partout le pavillon blanc de Raguse au service de la Turquie. A Coron on vit des marins ragu-sains dans les fortifications. A ïfauplie les Grecs capturèrent un navire ragusain chargé de blé pour les Turcs. Le Pacha de Morée avait nolisé un grand navire ragusain et un navire français pour le transport des troupes. Elphinstone aperçut l’année suivante à ÎTauplie deux navires battant le pavillon de Saint -Biaise parmi les navires turcs. Trois autres navires ragusains, chargés de janissaires pour la Morée, furent capturés par les Russes. Les Turcs de leur côté accusaient les Ragusains d’une entente secrète avec les Russes. Cette situation se compliqua d’un incident à Gênes. Le Consul ragusain, David Maystre, informa le Gouvernement que les Russes négociaient l’achat d’un navire de course contre les Turcs et « contre la 1. V. Jiretchek. La République de Raguse et Catherine II (1771-75) Prague, 1892 (en tchèque). Ce mémoire est écrit sur la base des documents des Archives de l’Etat de Raguse, que nous utiliserons dans^lesjpages qui vont suivre.