LOUIS XIV ET ItAGUSE (1667-1680) 33 les mauvais traitements, après avoir remis à un courrier ragusain une lettre d’adieu à son frère, le sénateur Seralino, il s’était préparé courageusement à la mort. On persista jusqu’à la dernière minute à ne pas lui ôter les fers des pieds. On lui refusa le prêtre catholique de l’église ragusaine de Silistrie et l’assistance de son collègue Gozze. Il fut enseveli dans le cimetière cat holique de la petite ville bulgare. Ainsi disparut une des plus nobles figures de l’histoire républicaine de l’Europe, le « Régulus des temps moderne« », comme l’appelle Jean de Miiller. Homme d’Etat, diplomate, jurisconsulte, poète et martyr, il donna la pleine mesure de la vitalité de Raguse: et l’histoire de cette étrange commune trouve en lui son accomplissement et sa plus noble formule. Le Sénat décerna à Bona le titre « de Pater Patriæ » et il fut le seul patricien qui obtint d’une aristocratie profondément jalouse les honneurs d’une inscription triomphale prédisant à son nom l’immortalité '. L’année suivante Etienne Gradi fut envoyé à Paris. Ce patricien1 fut un des plus illustres enfants de Raguse et un de« personnages les plus connus de la cour de Rome sous quatre papes : Alexandre VII, Clément IX, Clément X et Innocent XI. Profond érudit, esprit ouvert à tous les courants réformateurs de son siècle, adversaire courtois, mais convaincu de« jésuites, ami de Christine de Suède, Gradi avait été nommé, par Alexandre VII (Chigi) vice-bibliothécaire du Vatican (1661). Attaché au cardinal Flavio Chigi, neveu du Pape, il avait pris part, en qualité 1 L'inscription latine, due au cardinal Tolomei. fut gravée sur une plaque de inarbre et placée dans la salle du Grand Conseil. Llle se trouve actuellement dans le vestibule de l'ilôtc! de Ville, ■a salle du Crand Conseil ayant été détruite par un incendie au commencement du siècle passé î- Né à Raguse en 1613, décédé a Rome en 1683. 3