LE TRAITÉ DE COMMERCE (1776), ETC. 223 « Comme nous avons avis — écrivait-il — que les Eusses paroissoient avoir besoin de se servir de leur consul à Raguse pour entretenir des liaisons avec les Grecs, établis dans l’Empire Ottoman, et qu’on doit s’attendre que, pour parvenir plus sûrement à leurs vues, ils demanderont de jouir du même traitement que les François, ce que la République n’est pas en état de leur refuser, il auroit été dangereux de laisser au Consul la prérogative qu’il s’arrogeoit d’accorder à Raguse la protection du Roy à tous les étrangers qui la demandoient, prérogative, dont il ne jouissoit que parce que la France avoit regardé jusqu’ici Raguse comme une échelle de Levant *. Les Russes en auroient abusé pour accorder la protection de leur souveraine à tous les Grecs, ennemis des Ragusois. Cette facilité auroit favorisé leurs projets et auroit pu être funeste aux Ragusois et contraire même aux intérêts des François. » Rapprochons de ce passage un autre de Sartine dans sa dépêche du 3 juin à Desrivaux, où il lui prescrit de la part de Sa Majesté de veiller sur la conduite et Us manœuvres des Russes à Raguse3 et nous constaterons sur le vif un fait int-ressant : la méfiance de la France à l’endroit de la Russie malgré leur commune action en Allemagne et l’échange des politesses entre Louis et Catherine. Vergennes — dit M. Pingaud — connaissait bien les sentiments secrets de l’impératrice : « Tant qu’elle existera, écrivait-il dans ses instructions à Ségur, la conduite du Roi vis-à-vis d’elle doit se borner à 1 II n’en jouissait pas, la République ne l'ayant, comme nous l avons vu, jamais permis. Les prétentions de Le Maire et de Prévost furent toujours repoussées par le Sénat. 2. Bibliothèque Nationale française, 10772, p. 239. 3. La politique européenne à la fin de l'ancien Régime. Histoire générale, vu, 583.