LE PROTECTORAT EN ORIENT, RAGÜSE ET VENISE, ETC. 117 argent ou en or, les Ragusains des provisions de bouche. Finalement, on s’accorda sur un bassin d’argent de la valeur de 20 sequins que deux nobles présenteraient au Capitano in golfo tous les trois ans. Eu revanche, Venise abolissait toutes les taxes et impositions sur les navires ragusains, elle s’engageait à ne plus interdire aux Ragusains la pêche du corail, à ne plus faire couper les bois des îles ragusaines et à s’abstenir à l’avenir de tout acte de violence sur le territoire ragusain. Voici comment le consul de France à Coron, Le Maire, que nous retrouverons trois ans plus tard à Raguse, résumait ces négociations : « Les Vénitiens firent ce qu’ils purent pour éviter de comparoitre devant le juge. Ils sollicitèrent les Raguzois de s’accomoder à l’amiable, et leur offrirent la médiation d’un prince chrétien. Us ne furent point écoutés, et Raguze, fière de son protecteur, voulut forcer Venise à l’humiliation de plaider sa cause devant le Pacha de Bosnie comme devant un supérieur. Il fallut la traiter à la turque, c'est-à-dire lui donner plus d’argent que de bonne raison. Les Vénitiens, étant plus riches, gagnèrent le droit honorifique de leurs prétentions. Il resta aux Raguzois le commode et l’utile *. » Vers la même époque, la France reprit son enquête sur le commerce de Raguse pour ne plus l’abandonner. « Je vous demande — écrivit le ministre de la marine, Rouillé, à l’ambassadeur à Constan-tinople, comte Desalleurs, le 17 mai 1751 - — un 1. Relation sur Raguse, chez Glioubich. Documents. III, 176. 2- Archives de la Marine, B’ 94, fol. 284. Raguse, étant considérée jusqu'au règne île Louis XVI au point de vue commercial '-omme échelle du Levant, c'est du ministère de la Marine que J*ssortissaient les affaires qui la concernaient. Ce n’est que sous Lnoiseul et définitivement, comme nous le verrons, sous Ver-gennes que les affaires de Raguse passèrent au ministère des Affaires étrangères.