LE PROTECTORAT EN ORIENT, RAGUSE ET VENISE, ETC. 125 marine dans tontes les parties du globe. Sa vigilance ne se démentit pas un instant. Elle confondait dans un même acharnement les grandes marines et les petites. Par son ministre à Constantinople elle surveillait toute la côte hellénique et vénitienne. Raguse n’échappa pas non plus à son regard inquisiteur. Elle saisit le premier prétexte pour menacer Raguse, comme elle menaça la Hollande, en capturant, au nom de la fameuse v règle de la guerre de 1756 », les navires hollandais chargés de transports que les navires français ne pouvaient plus opérer. Oe fut en avril 1756 que le Sénat ragusain apprit par son envoyé à Constantinople le grief de l’Angleterre contre la Eépublique. Un ancien capitaine de la marine marchande française, Louis Viani, avait entrepris la construction d’un navire sur les chantiers de Baguse, pour le compte du Gouvernement français. La nature de ce navire était suspecte aux Anglais. Quelques négociants de cette nation à Raguse attribuaient à Viani l’intention de courir la mer contre les Anglais avec des lettres de marque délivrées à cet effet au constructeur par le Gouvernement français. Le ministre en référa à son Gouvernement. On était au début de la guerre. Les deux ennemis ne s’étaient presque pas encore rencontrés en mer, et déjà les Anglais annonçaient l’intention de saisir tous les navires ragusains et d’exercer des représailles contre la République. Le Sénat recourut au Pape, Benoît XIV, et au comte de Stainville, ambassadeur de France à Rome, le futur duc de Ohoiseul, déjà à cette époque très influent à Versailles. Nous ne sommes même pas éloignés de croire qu’en cette occurrence le Pape ne fut qu’un moyen pour se faire introduire auprès de Stainville qui, grâce à un service rendu à Mme de Pompadour, de simple gouverneur des Vosges était passé ambassadeur à Rome,