194 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS l’ADRIATIQÜE tamé des pourparlers aveo la France et aveo la Porte. Il forma une petite cour de mécontents polonais, s’associa « la princesse Elisabeth » et arriva avec elle à Raguse en juin 1774. La « princesse » descendit dans un palais sur la route de Raguse à Gravose. Radzi-will fut logé dans la ville môme et oompliinenté par la République. L’étrange compagnie demeura six mois à Raguse, intrigua aveo des émissaires turcs, arrangea des soupers aveo le Consul général de France et avec celui de Naples, la femme énigmatique jouant sa suprême partie, se faisant traiter en prétendant au trône de Russie, passant des journées entières danB des conférences mystérieuses. Autour de ce palais de la Renaissance aux vast es salles et aux portiques élégants qui conduisaient à des terrasses entourées do lauriers et d’orangers, se formait toute une légende et les jeunes nobles de Raguse escaladaient vers le soir les hauts murs d’enceinte pour voir « la petite-fille de Pierre le Grand ». La République ne se laissa pas tromper un seul instant . Elle écrivit à Ragnina d’informer la Cour de Russie et refusa à la « princesse » toute démonstration honorifique en la séparant soigneusement de Charles Radziwill. Celui-ci crut-il à l’origine princière de cette femme ? Nous l’ignorons, mais en novembre le divorce était consommé. Rad-ziwill partit pour Venise, la « princesse » s’embarqua pour Barlette, en disant à son entourage qu’elle se rendait à Rome pour se convertir au catholicisme. Elle avait écrit de Raguse à Orlov. Une force irrésistible la poussait vers l’amiral de Catherine. En février 1775 la trahison de celui-ci était consommée. Il s’était emparé de la « princesse ». Nous ne pouvons mieux faire que de reproduire à cette place trois extraits des dépêches de Raguina au Sénat *, un vrai 1 Jiretchek, op. cil. Documents, n° xxv.