LE TRAITÉ DE COMMERCE (1776), ETC. 211 de ma résidence ici, où je n’avois point encore eu l’occasion de leur faire de justes représentations. Mais dès que je leur ay paru instruit des avantages du commerce des François, et que j’ay voulu faire des observations, je suis devenu l’oiseau de mauvais augure, contre lequel on a juré la perte. » Bruère est pénétré de l’importance d’im arrangement commercial avec Raguse. Outre l’intérêt purement commercial, « je crois — ajoutait-il — de la dernière importance pour le bien du service du Roy qu’un consul de France soit aux aguets pour instruire la Cour des mouvements que cette République va se donner pour reprendre à la paix son commerce sur la destruction duquel le nôtre s’est établi en Levant. Elle avoit, avant la guerre des Moscovites avec les Turcs, 140 vaisseaux en mer, qui apportaient de grands empêchements à une rivalité très dommageable au commerce de Marseille. » Bruère informait le ministre que les négociations languissaient, que le Gouvernement ne voulait pas de traité. Il trouvait que « la nation ragusaine » avait « une répugnance invincible pour tous les étrangers » surtout depuis 1667, date du tremblement de terre. « Il semble avoir tout détruit, les familles et l’esprit de bienveillance et d’honnêteté qui régnoit en ce temps. » Pour Bruère, il n’y a que la force « qui pourra mettre à la raison les Ragusois et jamais leurs voisins n’ont pu se faire entendre que par cette voye ». Il concluait : « Je pense, înonseigneur, que dans cet état de choses, si les Ragusois ne voulaient pas se prêter de bonne grâce à former le traité en question, il seroit nécessaire de fane passer ici la première escadre qui sera destinée pour ie Levant avec des instructions au commandant de ne rien traiter ni conclure sans le concours du consul et de la nation, et alors tout seroit ajusté au gré du Roy et à l’avantage du commerce. >