160 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS l’ADRIATIQUE tionnaire ragusain. Celui-ci répondit qu’il ne permettrait pas au capitaine de se rendre en ville avant qu’il n’eût déposé dans son bureau son certificat de santé. Le Consul menaça le fonctionnaire, un pistolet à la main. Le magistrat ne céda pas. Il invita le Consul à le suivre à Raguse où il lui remettrait copie de l’ordre du grand magistrat de Santé. Un garde à cheval accompagna Prévost à Raguse. Le Consul pénétra dans une chancellerie du Palais, injuria les fonctionnaires, mais il dut désarmer devant l’attitude du chef de la Santé. Le livret fut examiné au Palais. On constata que le navire français avait parcouru en soixante et onze jours la distance de Fiume à Gravose et que, dans l’intervalle, une personne était décédée à bord. La peste sévissait dans la Dalmatie vénitienne. Le Conseil Mineur, sur l’avis du département de la Santé, ordonna la quarantaine du navire et de tout l’Etat de Raguse ! Le Sénat n’attendit pas la fin de l’incident. Le P. Sorgo-Bobali — l’heureux négociateur du rappel de Le Maire — reçut l’ordre de se rendre à Versailles et de demander au duc de Choiseul-Praslin le rappel de Prévost. Les rapports de celui-ci avaient précédé la mission de Sorgo. « Le détail — écrivait le ministre de la Marine de Boyne 2 — contenu dans ses relations en est révoltant et mériteroit peut-être que Sa Majesté donnât des marques de son indignation à une petite République capable de se jouer ainsi des bontés mêmes et de la condescendance de Sa Majesté. » Le duc de Praslin informa le Sénat le 1. Cristoforo Stay, le frère du célèbre latiniste Benoit, avait été chargé de cette' mission. Il tomba malade. On lui substitua le diplomate franciscain. Les lettres de créance portent la date du 8 février 1765. 2. Versailles, avril 1765. Mémoire à Sa Majesté sur l'affaire Prévost. Bibliothèque Nationale française, 10772, p. 143.