184 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS I.’ADRIATIQUE « Vous direz ce mot, Vous sauverez une patrie en danger, nne vieille mère, toute une population terrifiée. Plaise à Dieu que mes prières ne restent sans effet. Le cœur me dit que l’intervention de Votre Majesté va faire cesser bientôt tous nos soucis, toutes nos inquiétudes. » Le 22 octobre, Ragnina arrivait à Pétersbourg *. Dès le lendemain, l’envoyé ragusain pouvait constater l’effondrement complet de l’édifice diplomatique qu’il avait péniblement échafaudé à Vienne et à Berlin. Tout était si différent des deux cours occidentales et Raguse était si dépaysée dans ce milieu hyperbo-rien ! Ragnina resta dans la capitale russe presque trois ans, souvent malade, souffrant parfois d’un froid de 32 oentigrades, presque sans argent, sans instructions précises, traité avec hauteur, ne voyant Catherine qu’à la cérémonie du baise-main. La diplomatie ra-guaaine se heurtait tout à coup à des mœurs inconnues. Le Sénat ignorait les formes de la nouvelle vie internationale issues de la guerre de la succession d’Autriche. Il faisait de la diplomatie comme du temps de Mathias Corvin ou de la bataille de Lépante. L’envoyé résidait à la distance de cinquante jours de Raguse et le Sénat s’obstinait à lui donner des instructions pour les détails les plus insignifiants. Cela prenait un temps énorme. Avec des hommes d’Etat qui substituaient aux vieilles formules de politesse et aux savants compromis latins la parole raide et le ton menaçant des grands peuples jeunes, avides d’expansion et de conquête, le Sénat ne savait plus parler. Il radotait. C’est en vain que Ragnina insistait par chaque courrier sur l’ouverture de la mer ÎToire en 1. Au bout de quatre-vingt-deux jours de voyage, y compris le voyage à Berlin. Ragnina dépensa 800 ducats vénitiens (environ 8.000 francs) y compris le voyago de Berlin.