126 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS L’ADRIATIQUE écouté dans les conseils du Eoi. La République, toujours au courant des moindres déplacements d’influence en Eiu’ope, avait saisi l’occasion du séjour à Rome de son plus illustre concitoyen, après Etienne Gradi, le P. Roger Boscovich, pour obtenir par l’entremise de Stainville _ce qu’elle aurait probablement en vain attendu des lenteurs bureaucratiques de Versailles *. Le Pape s’acquitta avec grâce de son rôle d’introducteur. Il recommanda à Stainville la République, « les Ragusois étant des catholiques excellents et Raguse, patrie de grands talents (di sublimi inge-gni), toujours affectionnée au Siège Apostolique et à Notre Personne2 ». Dans sa première entrevue avec l’ambassadeur français (22 juin) l’envoyé ragusain demanda une interdiction officielle à Viani de construire son navire à Raguse. « Promettez-nous de ne pas vendre du bois de construction aux Anglais », répliqua Stainville. Boscovich l’assura que la République observerait 1. Roger Boscovich S.-J., né à. Raguse le 18 mai 1711, décédé à Milan le 13 février 1787, célèbre astronome, mathématicien, philosophe, un des esprits les plus distingués du xvm« siècle, opticien de la marine du Roi, fondateur de l'observatoire de Brera, à. Milan, membre de l'institut de France. Ses ouvrages, presque tous imprimés, au nombre de 71, parmi lesquels He maculis solaribus (1736), De natura et usu infinitorum et infinit? parvorum (1741), De viribus vivis (1745), De Cometis (174B), De lunae utmosphera (1653), lilementa mathasees universae (1754), Philoso-phiae naturalis tlieoria (1758), De solis ac lunae defectibus (1760), font époque dans le mouvement scientifique du xviu* siècle. 11» furent publiés à Bassano en 1785, en cinq tomes et dédiés « Ludovioo XVI Galliarum régi potentissimo ». Lgoni, Lalande, Quérard, Montferrier, f'abroni et chez les Slaves Katchki et Stoui-novitch ont écrit sur lioscovitch des notices biographiques, mais une étude approfondie reste encore à faire. 11 fut profondément attaché à sa patrie et,, grâce à son immense prestige, fut le représentant éeouté de la République à Rome, à. Vienne, à Florence, à Versailles. Nous le verrons à l’œuvre. 2. Bref daté de Castel Gandolfo, 22 juin 1756, Arch. Rag., 19, xii