64 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS L’ADRIATIQUE en quelque sorte canalisé et légitimé cette cause rapide de dissolution. La lutte se poursuivra sourdement pendant tout le xvme siècle. Elle ne remplira plus les procès-verbaux du Grand Conseil ou du Sénat comme dans les années soixante, mais on la verra partout, au Palais du Gouvernement, sous les portiques, dans les résidences des Patriciens, dans les riantes villas de Gravose et d’Omble. Elle fait irruption dans la vie publique sous une nouvelle forme de la maladie constitutionnelle : l’énorme difficulté de convoquer et de rassembler le Sénat. Les Pro-vedimenta ingénieux « sur la manière plus facile de convoquer PExcellentissime Sénat » (super faci-liori congregatione Excellentissimi Rogatorum Con-silii) se suivent avec une désespérante monotonie dans le Livre Vert, le troisième recueil des lois fondamentales de la République. La belle activité du XVe et du xvie siècle représentée par le Livre Jaune cède la place à ces lois d’occasion *, faites pour régler les heures de séance des Conseils, ou bien pour proroger le tirage au sort promulgué en 1763 2. Ajoutez la persistance de certaines pratiques surannées, le culte exagéré de l’étiquette dont Poucqueville et Jean de Müller recueillirent l’écho : le voyageur français pour les railler, l’historien suisse pour constater avec émotion dans l’observation stricte des règlements les pltis minutieux et les plus utiles le respect de la loi et la voix puissante de la patrie. Mais à côté de l’aristocratie finissante, qui cependant donnera encore des preuves de son esprit poli- 1. Par exemple, les lois du 24 février et du 26 novembre 1772, du 1" décembre 1773, du 1" décembre 1774, du 2 janvier et du 23 décembre 1776, du 19 décembre, etc. 2. Lois du 27 avril 1776, du 8 juillet 1777, etc.