L0C1S XIV RT RAGÜSE (1667-1680) 21 grand vizir. La République, tributaire du Sultan, écrivait Kara-Moustaplia, avait profité de la guerre de Candie pour élever le« droits de transit sur les marchandises des pays limitrophes. Le grand tefter-dar (le ministre des finances) réclamait la somme d’un million de ducats vénitiens pour le trésor impérial, comme dédommagement pour la violation des capitulations de la part de Raguse. La Porte accordait & la République un terme très court pour l’acquittement de cette somme énorme. Le grand vizir, si la Seigneurie ne s’exécutait pus, avait ordre d’occuper Raguse au nom du Sultan. La République, épouvantée, se sentit perdue, mais opposa un refus formel à l'injonction de la Porte. Elle décréta sur-le-champ la défense du territoire. Elle redoubla l’armement des forteresses de la ville. Et tandis que ses ambassadeurs, Gradi à Rome, Sorgo à Madrid, Gozze à Vienne et Sorgo-Bobali à Venise, intéressaient la chrétienté au sort de ce « boulevard contre le« infidèles », elle décida de négocier directement avec Mohammed IV, c’est-à-dire avec son tout-puissant grand vizir. Marino Caboga et Georges Bucchia furent envoyés à Constantinople. Quelques mois après Nicolas Bona et Marino Gozze se rendirent auprès du pacha de Bosnie pour gagner du temps et pour empêcher la descente de l’armée bosniaque à Raguse Le récit de cette double ambassade est émouvant. l/es Turcs furent intraitables. Kara-Mousta-pha refusa d’entendre la défense de Raguse. Les représentants des autres puissances firent une démarche collective en faveur de la République, mais en vain. Elle fut répétée paf le résident impérial M. de Kindsberg, au nom de ses collègue«, quand Caboga et Bucchia, au mépris du droit des gens et du coran lui-même, furent jetés aux Sept-Tours et