TRAITÉ DE VIENNE 1684- RAGUSE AU XVIIIe SIÈCLE 89 vrir. Venise et Raguse continueront leur commerce, celle-là neutre dans le grand conflit entre Louis XIV et la Maison d’Autriche, celle-ci ayant trouvé son assiette définitive dans le traité de Carlovitz. Vers cette même époque (1700) le gouvernement du Roi conçut le projet d’entrer en rapports commerciaux plus directs avec Raguse. La première démarche dans ce sens fut faite par le ministre de la Marine sous forme de proposition à la Chambre de commerce de Marseille. « On pourrait, disait-il, établir à Raguse deux maisons de commerce. Excitez quelqu’un de ceux des négocians de Marseille qui sont les plus capables à mettre en œuvre ce projet et à en profiter » En effet nous retrouverons plus tard les maisons Eydoux et Hercolez à Raguse. Cet établissement de maisons de commerce françaises dans la ville de Saint-Biaise deviendra une source inépuisable de conflits diplomatiques entre la République et la France. Cependant, presque un demi-siècle s’écoulera jusqu’à ce que ces essais timides d’un rapprochement commercial franco-ragusain s’épanouissent en accords positifs entre la Monarchie française et la Bépublique, et que la France renoue avec celle-ci des rapports diplomatiques suivis. En attendant, les questions de neutralité primaient toutes les autres. La « pax adriatica » est définitivement troublée. La question des neutres se pose brutalement aux deux patriciats décadents de l’Adriatique. Presque tout le xvnie siècle n’est qu’ime longue suite d’incidents provoqués par la politique de neutralité proclamée par Venise et Raguse, mais qui s’accorde difficilement avec les intérêts commerciaux de ces deux Etats et la jalouse pratique des grandes monarchies. 1. Archives delà marine, B’68, fol. 3 verso.