22 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS L’ADRIATIQUE ensuite traînés à Badjafer dans le puits de sang, le Jeudi saint de 1678, au milieu des injures de la populace de Constantinople. Les patriciens se raidirent contre cette suprême injure et ne capitulèrent pas. Le Sénat leur écrivait : Ne cédez pas ; si vous cédez nous sommes à la merci de ces barbares. Le droit est pour nous. L’Europe chrétienne ne permettra pas que le conquérant de Candie occupe cette place fort© de l’Adriatique, cette république chrétienne. Montrez-vous les dignes descendants de nos ancêtres qui défendirent, au mépris de leur vie et de l’existence même de Raguse contre le sultan Amourad II le droit d’asile en refusant de livrer le despote de Serbie réfugié dans notre ville *. Marino Caboga répondit que la République pouvait vivre tranquille. Lui et son compagnon avaient déjà fait le sacrifice de leur vie : ils ne céderont jamais, ils ne souscriront pas à la violation des capitulations. Dans une touchante lettre, écrite sur du papier brouillard, Caboga séparé par une simple cloison de son domest ique atteint de la peste qui sévissait à Badjafer, recommandait au Sénat sa femme et ses enfants \ 1 Les Sept Tours étaient la prison îles ambassadeurs. Lorsque, i>ar e temple. la Porte déclarait ta guerre à une puissance chrétien u»\ elle commençait Ires souvent les hostilités par I arrestation île l'ambassadeur île cette puissance qu elle (aisait enfermer ensuite aux Sept-Tours Les prisons de Badjafer étaient par contre reservies aux criminels de droit commun. t. Georges Brancovich. Ce fait se passa en 1441. 3. V. la correspondance volumineuse de Caboga et Buccliia dans les Archives de l'Ktat de Itaguse, Correspondance tle* ambassadeur* it Constantinople, 1677-1678, surtout les dépêches des 7 avril. 6 juin, 3 juillet, I*' et 18 octobre 1678. Le ministre des états généraux des Pays-Bas, J. Colyar, écrit à son gouvernement le ¿3 avril : « La détention des deut seigneurs ambassadeur* de itnguse a été misérablement aggravée; Us ont été conduits au lieu où est le puits de sang et placés dans un lieu commun avec tous les fripons et voleurs, ou régne à présent la peste. C’est pour cela qu’ils avaient hier fait prier le grand viiir