LK PROTECTORAT EN ORIENT, RAGUSE ET VENISE, ETC. 99 voyer sur cet incident un long rapport au comte de Maurepas. « Les vaisseaux — lui écrivait-il — qui s'étoient le plus distingués en cette occasion avoient été ceux de la République de Raguse. » Il paraissait étrange à Castellane et « assez irrégulier que les Ragusois, qui dépendent en quelque façon de la Couronne d’Espagne et qui sont de tout tems protégés ici par l’ambassadeur de France, eussent eu si peu de ménagements que de faire des vœux pour la prospérité des armes d’une puissance avec laquelle la France, l’Espagne et les Deux-Sieiles sont en guerre. » Voilà jusqu’où l’Europe du xvme siècle poussait la pudeur de la neutralité ! Une fête à Smyrne chez le consul de Hollande—qui était chargé, en même temps, du consulat de Raguse — excitait les susceptibilités de la diplomatie de Louis XV. La République s’empressa de donner à la France toute espèce de satisfaction. L’archevêque de Cartilage « Ragusois de nation », remit à Castellane, de la part de la République, une lettre qui ne laissait rien à désirer tant par les termes polis dans lesquels elle est conçue que par les sentiments que cette République y manifeste envers la France. En effet, le Sénat avait puni les capitaines coupables d’avoir vidé leurs verres à la santé de Marie-Thérèse, de la perte des privilèges de la classe citadine à laquelle ils appartenaient et destitués du commandement de bâtiments de mer. Quant au Constd, impossible de lui témoigner « de plus fort ressentiment que celuy qui résultait naturellement du désaveu et du châtiment de la fausse démarche à laquelle il avoit engagé les capitaines ragusois », la République se trouvant dans la dure nécessité « de ménager ses voisins et notamment la Cour de Vienne *. » 1. Bibliothèque Nationale, nouvelle acquisition française, jIOJ, fol. 17*. ’