RAGUSE ET LA RUSSIE (1770-1775) 197 hommage au seigneur de Ferney ? A Livourne et àPise, Orlov, entouré de son état-major yougoslave, formula d’un ton péremptoire la demande de la chapelle et de l’érection d’un consulat russe à Raguse. Ragnina s’y opposa énergiquement. Le comte Mocenigo et le Pape l’incitaient à résister. Marie-Thérèse et Léopold de Toscane conseillaient à la République de ne pas s’opposer aux desiderata des Russes. Marie-Thérèse citait l’exemple de son propre Empire. « J’ai moi-même, disait-elle à l’envoyé ragusain à Vienne, une quantité d’églises et d’évêques schismatiques. » A l’issue d’une entrevue très animée, au cours de laquelle Orlov se posa en protecteur et en ami de Raguse, Ragnina présenta à l’amiral russe cinq propositions : 1° la République acceptera un consul impérial, mais il doit être de nationalité russe ; 2° la Russie accordera à la République la libre navigation dans ses mers ; 3° idem pour la Mer Noire ; 4° elle agréera un envoyé permanent (inviato) ragusain à Pétersbourg ; 5° elle restituera à Raguse les navires saisis dans l’Archipel et dans la Méditerranée. Se rappelant le traité de Kaïnardji, Ragnina ajouta que la République ne permettrait pas au futur représentant russe de protéger les Grecs sujets de Raguse, de Venise ou de la Sublime Porte. Orlov n’accepta que le point concernant la mer Noire, sauf opposition de la Turquie, et l’application du tarif italien aux navires ragusains en Russie. Il insista spécialement sur le droit de protection des sujets grecs et, pour tout le reste, il déclara n’avoir point d’instructions On discuta longuement sur la question de la chapelle. Au cours d’une entrevue, Orlov fit mention du 1. Les Russes détenaient encore six navires ragusains, dont le « Minerva » qui se trouvait t Pétersbourg.