114 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS L’ADRIATIQUE du Pape. Raguse envoya en 1621 son meilleur diplomate, Palmotta, pour demander l’abolition des taxes maritimes qui pesaient lourdement sur son commerce. C’était une manière détournée d’attaquer le principe. M le Pape, ni Raguse ne purent rien obtenir. A Rome, Girolamo Soranzo « s’efforça de prouver la juste, ancienne et indubitable possession dugolphe, en ajoutant que la République, pour la défendre, en appellera aux Anglais, aux Hollandais, aux Turcs eux-mêmes et si Sa Sainteté cédait aux injustes prétentions des Espagnols, Venise bouleverserait toute la Chrétienté *. » Le Pape céda. Il va sans dire que le Sénat vénitien opposa une fin de non-recevoir aux demandes de Palmotta qui s’écria lui aussi que les Ragusains saisiraient de cette affaire « tous les princes de la Chrétienté. » La tenace petite République revint à la charge en 1629 avec plus de chances de succès. Elle s’était assuré l’appui de Louis XIII, qui, le 9 avril, avait signé une alliance défensive avec Venise contre l’Espagne et l’Empereur dans l’affaire de la succession de Mantoue et qui adressa le 11 juin, du « Camp de Privas », une lettre à son ambassadeur à Venise, comte d’Avaux, pour soutenir la mission de Giunio Sorgo 2. L’intervention royale était si chaleureuse, qu’elle 1. Relatione delli licc™' SS'1 Giustinian, Grimani, Contarini c Sorauzo Arabri extraordinarii al S. 1*. Gregorio XV l'armo 16-' al raese di maggio, publiée par Ranke dans son Histoire des Papes au XV1* et XVlla siècle. 2. Monsieur Davaux — écrivait le Roi — la République d® Raguse ni avant l'aiet représenter qu elle se trouve grandement intéressée en ce que la République de Yenize taict abstreindre les vaisseaux des marchands de Kaguse qui entrent dans la mer Adriatique d'aller à \ enize y faire la descharge et la vente do toutes marchandises, d aultant qu'ils les pourroient mieui débiter ailleurs, et que si le commerce qu elle entretient de ce costé-la ne luy estoit libre elle ne pourroit subvenir aux tributs excessifs qu elle est obligée de payer au grand seigneur pour se