56 Chap. V. Les khans bulgares Xeletz, Tokto et Kroummos. mettre tout le pays à feu et à sang. Ils se dirigent en premier lieu du côté de la Macédoine, province assez éloignée de Constantinople, où ils n’ont pas à Cr&indre aussi vite le retour des armées impériales. Mais une fois les forces byzantines revenues, les Bulgares s’évanouissent bientôt derrière les Balkans. Dans ces régions, les Byzantins peuvent rarement les poursuivre, car des Turcs, des Sarasins, des Seldjouks et des Arabes franchissent de nouveau les frontières asiatiques de l’empire grec. Celui-ci eut ainsi à soutenir sur ses deux flancs, durant huit siècles, une lüttè sans exemple dans les annales de l’histoire! Les Bulgares furent défaits par Justinien II dès leur première apparition, de 679 à 688, dans la plénitude dé leurs forces, ce qui les empêcha pendant soixante-dix ans d’attaquer de nouveau les Byzantins. Mais en 758, croyant l’empereur Constantin V battu par les Arabes, ils font irruption en Macédoine sous leur khan Teletz et sont vaincus immédiatement par l’empereur, accouru en toute hâte. Teletz demande la paix et jure d’observer un armistice de cinquante ans. Au bout de deux ans, il trahit son serment; aussi les historiens byzantins ont-ils bientôt remplacé la foi punique par la „foi bulgare.“ De même le khan Tokto s’engage, après avoir reçu un châtiment sévère, à ne plus franchir les Balkans, puis tombe de nouveau sur la Macédoine, dès qu’il sait l’empereur occupé contre les Turcs. L’histoire du khan Kroummos soulève un profond dégoût. Pendant que l’empereur Nicéphore est obligé de soutenir de rudes combats en Asie, ce khan sème la dévastation en Macédoine, 809 et 810. Il se sent les mains libres, grâce aux querelles religieuses provoquées à Constantinople par les intrigues papales. Cependant, au printemps de l’année 811, Nicéphore se trouve en état de marcher contre les brigands et les bat si complètement que Kroummos implore piteusement la paix. Mais