io8 Chap. VII. Tromperies grossières messieurs purent commencer leur oeuvre. Les labou-fteurs et les modestes artisans, courbés sous une oppression insupportable, écoutèrent avec une crédulité naïve, le nouvel évangile. D’ailleurs, si des hommes plus éclairés les avertissaient de ne pas ajouter foi à ce ridicule verbiage, on employait contre eux de rigoureux moyens d’intimidation. Tous les agitateurs étaient pourvus de bonnes lettres de recommandation qui, avec l’apostille des autorités ottomanes, les sig'-nalaient comme les amis du sultan et du gouvernement turc; en outre, disposant de sommes d’argent considérables, ils se procuraient facilement l’appui de tous les fonctionnaires turcs. Par ce moyen, les chrétiens ruraux et les classes inférieures des villes acquirent bientôt la conviction d’être, en effet, les enfants gâtés du sultan, sous la haute protection de la Russie. L’arrestation d’une douzaine de prêtres et de précepteurs grecs accusés de menées séditieuses, produisit une impression encore plus considérable. Quiconque s’obstinait à se dire partisan de l’hellénisme, risquait sa vie; quiconque versait de l’argent pour l’entretien des écoles grecques était inculpé de haute trahison; quiconque enfin faisait une donation à l’église, était dénoncé comme un ennemi personnel du sultan! Dans l’Europe occidentale, s’est accréditée l’opinion que la propagande panslaviste constituait, dans la péninsule balcanique, une agitation exclusive contre la souveraineté de la Turquie. C’était vrai, sans doute, dans les montagnes de l’Herzégovine et du Monténégro, où un peuple fier et jaloux de sa gloire, osa entamer une lutte ouverte contre les Ottomans. Cependant ces menées des agitateurs bulgaro-serbes se caractérisèrent principalement par une bassesse indigne à l’ég-ard des Turcs et par une détraction systématique des autres chrétiens. Vit-on jamais un peuple essayer de recouvrer sa liberté par des moyens plus déloyaux?