des archevêques d’Achris (Ochrida) iOI le diocèse d’Achris comme un „pays bulgare“. On ne peut imaginer le ravissement des Bulgares, lorsqu’un de leurs fidèles amis leur donna connaissance de cet ouvrage de Thèophylacte. Ils auraient dès lors possédé un document historique indiscutable, établissant que la ville d’Achris, et par suite toute la Macédoine, avaient été déjà occupées au neuvième siècle par la race bulgare, et que le siège épiscopal d’Achris leur appartenait aujourd’hui de plein droitl Malheureusement, cette prétendue preuve est dénuée de toute valeur. En effet, ce Thèophylacte, l’un des savants les plus renommés du treizième siècle, a démontré ailleurs, dans un ouvrage linguistique, que cette „langue bulgare“ était tout bonnement la langue slave ecclésiastique de S. Cyrille, c’est-à-dire l’idiome composé artificiellement, aux neuvième et dixième siècles, dans les séminaires grecs préparant la conversion des peuples slaves. Et à ce sujet, les Slaves modernes ne conviennent pas non plus volontiers qu’ils doivent aux Hellènes leur langue maternelle. Ceux-ci eurent l’idée ingénieuse de créer, pour l’usage ecclésiastique, une nouvelle langue slave, en adoucissant les rudes éléments des différents dialectes slaves et en les soumettant à des règles grammaticales empruntées à la langue grecque. Ce fut cette „langue sainte“ des apôtres slaves, qui donna naissance à toutes les langues en usage aujourd’hui chez les peuples slaves. — Mais n’est-ce pas le comble du ridicule de la part des Bulgares, de revendiquer cette langue sainte, avec sa riche et précieuse littérature, comme la langue populaire d’anciens Bulgares parlant encore en réalité, même au treizième siècle, un idiome tartare-mongol absolument inculte? Plus tard, cet idiome se mêla peu à peu à la langue serbe pour former enfin, aux dix-septième et dix-huitième siècles, avec l’assistance du clergé grec, la langue bulgare actuelle.