VIL L’Exarchat bulgare en Macédoine. Il serait injuste de prétendre que l’église grecque ait empêché le développement des nationalités chrétiennes de l’Orient: les faits historiques réfutent suffisamment, en effet, une telle assertion. Le patriarcat oecuménique ainsi que le clergé grec, loin d’altérer le caractère national de ces peuples, ont, au contraire, puissamment contribué à le conserver sous la domination ottomane. Sans cette forte organisation ecclésiastique soutenue par la ténacité des Hellènes, les Bulgares auraient été assurément une proie facile pour l’islamisme. Il est également très douteux que les Roumains, les Serbes, les Albanais et les Koutzo-vlaques eussent conservé leurs nationalités propres, si l’appui de l’église orthodoxe leur eût manqué. Si le joug turc imposé aux peuples chrétiens est devenu peu à peu moins lourd, c’est dû uniquement, l’histoire le constate, au mérite du patriarcat oecuménique et à l’activité civilisatrice de l’hellénisme. Durant des siècles, l’église resta l’unique soutien matériel et moral des peuples vaincus; ils se groupaient, à l’époque de l’humiliation, autour de leurs prêtres, qui réveillaient en eux l’énergie nécessaire pour résister aux persécutions des conquérants. La ruine de toute civilisation, le désordre économique, la misère sociale, l’étouffement du progrès humain, qui sont la marque distinctive de la domination asiatique, pouvaient être contrariés avec succès, seulement par les travaux intellectuels et la vitalité indestructible de la race hellénique. Dans sa chute finale, Byzance avait encore engendré la Renaissance et la Réforme. Elle hellénisait donc les esprits de l’Occident sans y mêler les moindres ambitions politiques. De même, elle étendit invisiblement sa tutelle