1^8 Chap. IX. Haine implacable des Albanais contre les Serbes. n’a pas encore éclaté entre les deux races, cela ne tient nullement aux efforts des divers gouvernements, turc ou autres, mais plutôt à la faiblesse et à la résignation de la population rurale serbe, qui s’est accoutumée à supporter tranquillement toutes les violences des Albanais. Toutefois, si les espérances des Serbes se réalisaient, c’est-à-dire, si tout le vilayet de Kossowo devait, dans un avenir prochain, être annexé au royaume de Serbie, alors la population albanaise tout entière se soulèverait, et la lutte la plus défavorable aux intérêts serbes éclaterait entre la Serbie et l’Albanie. Beaucoup plus difficiles encore, apparaissent les relations ecclésiastiques avec le serbisme. A l’époque des rivalités entre le prétendu patriarcat d’Ipeck et le patriarcat oecuménique, la conversion des chrétiens à l’Islam prit, dans ces contrées, comme nous l’avons déjà raconté, une très grande extension. Il s’y trouve encore aujourd’hui des milliers de mahométans, qu’il est facile de reconnaître pour des Slaves; cependant, le plus grand nombre des néophytes slaves furent transportés dans d’autres parties de l’empire, surtout en Asie-Mineure. En général, les Serbes de ces districts n’ont jamais montré de capacité de résistance sérieuse, au point de vue ecclésiastique ou politique; à plus forte raison, ne peut-on pas supposer qu’ils puissent créer, de leurs propres moyens, une église nationale serbe. Donc, si ce résultat ardemment désiré à Belgrade, doit être atteint, on y arrivera seulement en envoyant de Belgrade une légion d’agitateurs, de prêtres et de maîtres d’écoles. D’autre part, toute tentative dans ce sens serait considérée par les Albanais comme une déclaration de guerre, et si l’église orthodoxe grecque couvrait de son nom une propagande nationale ’ serbe, cette conduite imprudente détacherait d’elle, à coup sûr, le dernier tiers de la population albanaise qui lui soit jusqu’ici resté fidèle.