150 Chap. IX. Conversion des Serbes à l’Islam. s’affranchir du patriarcat. Ce prélat encourageait donc celui d’Ipeck, dans son attitude d’insubordination contre le Phanar. Sous Soliman II, le serbe Mehmed Sokolovitsch parvint au poste de grand-vizir, tandis-que son frère Macarios, resté simple prêtre chrétien, espérait arriver, avec son appui, à la dignité de métropolitain, ou même de patriarche d’Ipeck. Mehmed Sokolovitsch persuada donc au Sultan Soliman qu’il lui serait plus facile de maintenir dans le devoir les provinces serbes de la frontière de son empire, en accordant aux Serbes une église indépendante. C’est pourquoi le sultan consentit à rétablir le „patriarcat d’Ipeck“ au profit du frère de son grand-vizir, qui en fut le titulaire. Mais cette création n’eut aucune durée; Macarios et son frère Mehmed tombèrent bientôt en disgrâce, et dès 1570, le Saint-Synode de Constantinople décida expressément que les sièges d’Ipeck et d’Achris seraient considérés comme de simples archevêchés soumis à la direction suprême du patriarcat. Cependant, le firman de Soliman ne fut pas formellement rapporté, de sorte que les relations d’Ipeck et d’Achris avec le patriarcat, restèrent, durant deux siècles, mal définies et douteuses sous plus d’un rapport. Par intervalles, les métropolitains d’Ipeck se montrèrent des partisans zélés du patriarche, par exemple, Johannikios Karatzos, de 1739 à 1746; la plupart de ces prélats étaient, du reste, d’origine grecque ; quelquefois pourtant, les Serbes réussissaient, avec l’aide des puissances étrangères, ou du Vatican, à obtenir la nomination d’un archevêque serbe, ou au moins serbophile. Alors, la lutte entre Ipeck et le patriarcat s’enflammait de nouveau. Néanmoins, même à cette époque, la métropole d’Ipeck ne put être considérée comme une église nationale serbe, puisque sa circonscription s’étendait à lAlbanie septentrionale et à plusieurs villes du nord de la Macédoine, qui étaient encore purement grecques. A ce point de