Le Dr. Krumbacher — Le moine Paysios. mément à leurs desseins, l’opinion publique européenne, d’autant mieux, que les intéressés n’épargnaient pas les frais de réclame nécessaires. La plus grande partie de ces compilations soi-disant historiques furent lancées par les Bulgares, quoique leurs auteurs n’appartinssent pas à cette nationalité. Ainsi, le premier d’entre eux fut un moine grec, nommé Paysios, du monastère Chilendare sur le mont Athos. Il avait appris la langue russe et fut ensuite envoyé à Moscou par le patriarche oecuménique, en qualité d’ archimandrite, poste dont il prit possession vers 1755. Au milieu de la société russe il découvrit, qu’il n’etait pas grec à proprement parler, mais bulgare de naissance, qu’il était par conséquent un membre de la race slave commune. Et après avoir causé avec cette trouvaille le ravissement de tous les cercles russes, il entreprit la rédaction d’un livre intitulé „L’histoire slovéno-bulgare des peuples, des tsars et des saints bulgares.“ Il écrivit ce livre d’abord en langue russe; ensuite il le traduisit dans un idiome slave, composé des mots et des expressions rurales de Bulgarie et de Serbie, dont il avait conservé la mémoire. Mais il eut soin de faire imprimer son livre en caractères grecs, car autrement personne, même en Bulgarie, n’en aurait pu déchiffrer un mot. La valeur historique de cette brochure, d’après le jugement des historiens russes contemporains eux-mêmes, est fort médiocre; pourtant son édition russe, parue en 1762, devint „la base scientifique“ de la propagande russo-slave dans les Balkans. Paysios avait émis l’hypothèse de l’établissement d’un empire bulgare ou demi-russe au moyen-âge, dont les tsars auraient régné sur tout le territoire compris entre les Karpathes de Transylvanie, la ville de Constantinople et les côtes épirotes de la mer Adriatique. D’après ce même écrivain l’empereur Basile, qui fonda sur le trône byzantin la dynastie