La situation des fermiers. 77 Les dix mille petits propriétaires sont, à peu d’exceptions près, des Mahométans, qui résident s.rtout dans la plaine de l’Axios (Vardar), au nord de Sa-lonique. Leur chef-lieu est la ville de Yénidjé-Vardar d’où ils ont reçu le nom de Vardariotes. En outre, ou trouve aux environs d’Achris, des villages occupés par des paysans mahométans indépendants. De petits propriétaires chrétiens peu nombreux, se rencontrent aussi dans les districts albanais de la Macédoine septentrionale. Tout le reste de la population rurale, soit chrétienne, soit musulmane, se compose de paysans, catégorie de porte-faix, de journaliers et de fermiers mortaillables. Ceux-ci sont obligés de travailler pour le compte des grands propriétaires, c’est-à-dire pour les beys et les agas. Ces derniers habitent les villes et n’apparaissent à la campagne que pour exiger leurs redevances, sous l’escorte d’hommes armés. Si le bey ■ou l’aga est en même temps receveur des impôts publics, il a le droit de réclamer la moitié de la récolte; autrement le fermier est tenu d’en livrer le tiers, plus les exécutions de taille. Quelle est de ces deux formes la plus avantageuse pour le fermier? On le déciderait difficilement. Dans l’un et l’autre cas, le malheureux retient à peine sa subsistance. Les propriétaires, aussi bien que les receveurs des taxes, s’arrogent, en effet, le droit d’évaluer la quantité des produits naturels, que le fermier doit fournir. Ainsi, celui-ci est abandonné sans recours à l’avidité des exécuteurs. Le procédé le plus ordinairement employé est le suivant. Le bey entretient dans le village quelques contrôleurs, en général, d’anciens brigands arrachés par lui aux mains de la police. Il préfère ces sortes de gens, parce qu’ils lui offrent la garantie de ne pas faire cause commune avec les habitants du village. Leur titre officiel est celui de „gardes de nuit“; en