Chap. VIII. Manque de but et d’opportunité. teux. Il préférera toujours l’école grecque, parce qu’elle est un véritable établissement d’éducation. La différence radicale entre les écoles grecques de la Macédoine et les écoles créées dans ce pays par les Bulgares, les Serbes et les Roumains, consiste en ce que les premières tirent leur origine des besoins naturels des communes, qui les ont fondées elles-mêmes, tandis que les dernières ont été au contraire établies, avec de l’argent étranger, par des maîtres chargés de susciter d’abord de pareils besoins. Ainsi, on a ouvert des écoles bulgares dans des endroits où il n’y avait point de Bulgares; du moins, s’il y en avait, ils ne pensaient nullement à envoyer leurs enfants à l’école. Des portefaix et des journaliers qui occupent le dernier échelon de la civilisation, qui habitent une chambre malsaine dans une chaumière misérable, qui se nourrissent d’une pâtée de mais et d’oignons, qui s’habillent de loques sordides d’une couleur méconnaissable, n’éprouvent pas l’envie de mettre leurs enfants à l’école. Au contraire, les règlements scolaires leur apparaissent comme une contrainte gênante. Il leur est difficile de se figurer, dans leur abjection intellectuelle, que leurs enfants à demi-nus et couverts de malpropreté puissent être instruits dans une école. Ils pensent uniquement à en tirer parti dès qu’ils ont atteint l’âge de huit ou neuf ans, c’est-à-dire dès qu’ils sont en état de gagner quelque chose ou de les aider à l’ouvrage. Pour s’en convaincre, il suffît de lire les rapports des voyageurs impartiaux sur l’état de l’instruction publique en Bulgarie, où, malgré la loi de l’enseignement obligatoire qui astreint tous les enfants à fréquenter les écoles communales durant quatre ans, à peine cinq pour cent d’entre eux savent lire et écrire. En effet, la population totale de la principauté contient encore 97 ou 98 pour cent d’illettrés. La Roumanie et la Serbie elles-mêmes, qui ont imposé, au moins