204 Chap. XX. Possibilité d’une „L’hypothèse d’après laquellej’aurais visité les peuples des Balkans, dans le but de la formation d’une ligue balcanique contre la Turquie, est tout à fait erronée. De la part d’un seul ou de tous les Etats balkaniques, l’entreprise d’une guerre offensive contre la Turquie me paraîtrait impossible et puérile. D’un autre côté, l’union fédérative des peuples balcaniques est une utopie, à laquelle un homme d’Etat sérieux ne devrait pas arrêter un instant son attention. Cependant, il y a d’autres arrangements d’une grande importance et d’une réelle utilité pour les Etats des Balkans. Ils ont intérêt à s’entendre sur une foule de questions particulières; avant tout, ils doivent inaugurer, parmi eux, une ère de réconciliation et de respect réciproque. Entre Hellènes et Bulgares, existe depuis quinze cents ans un état d’hostilité perpétuelle, car les Bulgares n’ont pu s’accoutumer jusqu’ici à l’idée de se contenter, comme les derniers arrivants, d’une partie, du reste, suffisante pour eux, de la péninsule. Mais ce malentendu peut avoir et aura une fin, et nous devons faire tous nos efforts pour amener les Bulgares à s’habituer enfin à l’état actuel de la situation ecclésiastique et nationale de la péninsule. Avec les Serbes, les Monténégrins et les Albanais, l’entente sur ce terrain ne sera pas difficile, dès qu’ils nous verront, nous autres Grecs, leur tendre sincèrement la main. Mais c’est à nous-mêmes en qualité de peuple civilisateur le plus ancien de, la péninsule, qu’il appartient d’en prendre l’initiative. „D’ailleurs, un accord mutuel des peuples balcaniques sur les questions d’organisation ecclésiastique et scolaire, ainsi que sur la satisfaction des divers intérêts nationaux, ne constitue nullement une menace pour l’Empire ottoman. Au contraire, il diminuerait les probabilités d’une intervention des grandes puissances dans les ri-