VI. L’administration turque et la situation économique en Macédoine. Avant d’entamer la critique des différentes controverses nationalistes qui ont actuellement trait à la Macédoine, nous sommes obligés d’exposer brièvement la situation économique du pays et les principaux caractères de l’administration ottomane. En effet, la distribution des peuples chrétiens en Turquie, ainsi que leur degré de civilisation, résultent naturellement de ce développement. Lorsque les Turcs prirent possession du pays, ils déclarèrent toute la terre labourable, propriété particulière du sultan. Celui-ci la divisa en fiefs ecclésiastiques et en fiefs laïques qui furent exclusivement répartis entre les Mahométans. Les timars et les ziamets, c’est-à-dire les fiefs laïques, comprenaient les grandes et petites terres privées: le vacouf (fiefs ecclésiastiques) représentait les biens de main-morte. En Macédoine, en Thrace, en Albanie et en Thessalie le partage des terres fut effectué dans cette proportion: les grands propriétaires en reçurent à peu près la moitié, les mosquées un tiers, et les paysans un sixième. Aux. chrétiens, on laissa simplement la montagne, c’est-à-dire les territoires qui, d’après la nature de leur sol, ne semblaient pas favorables à la culture. De cette manière, ils ne purent fonder des villages libres, appelés „kephalochoria“ ou „élefthérochoria“, que dans des rochers inaccessibles.