264 Chap. XVI. Les Hellènes dépouillés des fruits peuples non helléniques, le bouclier spirituel à l’abri duquel ils purent développer leur caractère national. On semble ignorer également qu’au moyen-âge, les savants grecs et les patriarches les plus distingués ont travaillé à la création d’une langue ecclésiastique slave, à l’usage des Bulgares et des autres Slaves. On méconnaît enfin la genèse du réveil national des Slaves balcaniques et même de l’idée panslaviste, qui prit naissance dans les monastères du mont Athos. En conséquence, le soulèvement des Bulgares, comme plus tard celui des Serbes et des Roumains, contre l’Eglise du Patriarcat, ne peuvent, en aucune manière, se justifier par des motifs d’intérêt national. Ce furent, au contraire, des marques de la plus noire ingratitude et une tentative de s’approprier, sans se donner aucune peine, les fruits des efforts civilisateurs de l’hellénisme^ durant des siècles. Et les moyens employés pour arriver à ces fins consistèrent dans la brutalité la plus grossière et l’agitation la plus immorale: l’Europe ne devrait en parler que pour les flétrir! L’article du M. von Mach raconte ensuite le cours des évolutions historiques, avec une foule d’erreurs. Il admet sans sourciller que l’hellénisme n’occupait, au commencement de ce siècle, que les côtes de la Macédoine, de la Thrace, de la Roumélie orientale et de la Bulgarie. Puis, profitant de l’impression produite par la lutte de l’indépendance, les Grecs se seraient avancés dans l’intérieur de ces pays et auraient refoulé la population indigène, slave, valaque et albanaise, ce qui aurait provoqué, après la guerre de Crimée, le „courant de réaction des Slaves et des Valaques contre l’hellénisme.“ Contrairement à ces allégations, l’histoire constate que la population chrétienne de presque toutes les villes de la Macédoine, de la Thrace, de la Roumélie orientale et de la Bulgarie même, était grecque. Sans doute, aux jours de foire, lorsque les paysans slaves ou valaques