120 Chap. VII. La „Grande Bulgarie“. de ces troubles, et les Bulgares qui ont joué dans cette lutté le rôle le moins brillant, espéraient recueillir seuls le fruit des victoires russes. Le traité de San Stéfano portait, en effet, dans l’article VI, la création d’une Bulgarie qui s’étendait à l’ouest jusqu’au Drine et au Pinde, c’est-à-dire qui comprenait toute la Macédoine, à l’exception de quelques petits districts albanais dans le nord, et d’un littoral étroit allant dans le sud, depuis Salonique jusqu’à l’Olympe. Tout le reste, à savoir les sandchaks de Serres, de Drama, de Vitolia, et de Skopia, fut abandonné à la „grande Bulgarie“. — Le congrès de Berlin s’empressa, il est vrai, de supprimer cette Bulgarie monstrueuse ; en revanche elle donna aux Bulgares le droit de s’emparer des communes helléniques situés sur les bords de la mer Noire, que le firman de 1870 avait même exemptées de l’exarchat bulgare. Le texte du traité de Berlin assure, comme on sait, aux communes grecques, le libre exercice de leur culte et la conservation de leurs biens ecclésiastiques et scolaires. Cependant, aux yeux des Bulgares, les traités écrits et jurés ne valent pas plus, dans les temps modernes, qu’à l’époque de leurs héros Teletz et Tokto — Enfin, après leur coup de main de Philippopoli, ils s’emparèrent encore, par la fraude, des 120000 Hellènes de laRoumélie orientale ainsi que de leurs églises, de leurs écoles et monastères, avec tous les biens attenants. En Macédoine, les Bulgares firent leur entrée officielle, en vertu du firman impérial du 4 août 1890, qui leur permettait l’occupation des sièges épiscopaux d’Achris, de Velessa et de Skopia, diocèses dans lesquels ils s’étaient créé, dix-huit années auparavant, leur fameuse majorité des deux tiers. * * * Quant à la question des sommes d’argent qui ont été dépensées pour alimenter l’agitation en faveur de l’église nationale bulgare depuis l’année 1860, nous