I. La création des légendes et la vérité historique. Les historiens modernes se basant sur une méthode rigoureusement scientifique,ne se sontoccupésdel’Orient chrétien que depuis l’année 1890. Le savant allemand Karl Krumbacher de l’Université de Munich fut le premier investigateur occidental, qui malgré les conseils deses maîtresacadémiques, osapénétrer dans „cette forêt inexplorée de peuples et de siècles.“ Le fruit de cette audace fut son „Histoire de la littérature byzantine“. Depuis 1892 le même savant publie une „Revue byzantine“, et pour la deuxième édition de l’ouvrage cité, il s’est adjoint comme collaborateurs deux autres savants allemands, les professeurs Gelzer à Jena et Ehrhardt à Würzbourg-, C’est le début de l’exploration historique de l’Orient chrétien; mais l’époque de la conquête de Constantinople n’a pas encore été franchie, et une histoire sérieuse des peuples chrétiens sous la domination ottomane, manque jusqu’ici complètement. Néanmoins on a publié en diverses langues, surtout depuis la guerre de Crimée, de très nombreuses brochures et même des livres volumineux sur l’histoire et la situation présente des peuples sus-nommés. Les auteurs avoués ou anonymes de ces publications s’efforcèrent bruyamment de les présenter comme les résultats de consciencieuses recherches historiques, mais ils n’arrivèrent pas à prouver leur qualité d’historien. Au contraire ils ont toujours été reconnus comme des auteurs partiaux. Néanmoins, comme les oeuvres sérieuses faisaient défaut, ils purent influencer, confor-