CHAPITRE XV LA MACÉDOINE DE L’OUEST ET DU CENTRE La Macédoine orientale est, sans conteste, devenue la plus riche contrée du Nord de la Grèce : en 1927-1928, le revenu des 189 communes de la Macédoine orientale (départements de Serrés, Drama et Cavalla) était de 40 908 000 drachmes ; les 564 communes du reste de la Macédoine ne déclaraient que 29 080 000 drachmes. Ici, la colonisation, moins dense, y a poursuivi un plus tardif effort. Mais elle s’est faite peut-être, l’expérience aidant, avec plus de méthode. Ce sont des colons, venus de tous les coins d’Asie Mineure ou de Thrace, qui ont occupé les terres riches, fertiles en tabac de l’Est. Au contraire, le Centre, ce sont les marais du Vardar, et l’Ouest de hautes plaines froides, ceintes de montagnes. La population turque, plus nombreuse qu’ailleurs sur les grandes routes Nord-Sud, est partie en masse. La terre était vaste et les maisons vides. On a pu ici faire un efTort de groupement national, qui n’avait été tenté qu’imparfaitement ailleurs. A l’Est, les villages neufs, pimpants sur les monticules ensoleillés des plaines, frappent davantage les regards. A l’Ouest, il faut pénétrer dans les villages, turcs jadis, pour s’apercevoir des profonds avatars. Et, dans ces vieilles demeures retapées, ce sont, transplantés, des morceaux entiers de la Grèce paysanne d’Asie. Les Piémonts et Montagnes de l’Ouest : colonies dispersées et mêlées. — Le contraste est vif, dès que l’on arrive par exemple dans la Pélago-nie méridionale, entre les deux extrémités de la Macédoine (v. carte 18, pl. XLI). Ici, au Sud de la frontière serbe, la plaine, cultivée en tabac, en maïs, très différente de la steppe inculte de jadis, ne montre cependant qu’un gros village neuf : Néa Cavcassos, face à la Kénali iougoslave, assemble sur son éminence, autour du grand bâtiment blanc de l’école, selon le type de la Macédoine orientale, 154 familles du « Caucase », c’est-à-dire de l’Arménie russe cédée à la Turquie par le traité de Brest-Litovsk. Partout ailleurs, ce sont les villages turcs, qui ont changé de nom et quelque peu d’aspect. Les misérables chaumines, de boue et de paille de jadis, encore plus délabrées ou lendemain des guerres, sont reconstruites en briques crues, recouvertes de tuiles, blanchie à la chaux, bien alignées sur des rues larges. Ainsi, Arménochorion (ancienne Arménokhor (1 km. E. de Flôrina), qui a accueilli 38 familles du Pont, presque tous cultivateurs de tabac ; le village dit « Station de Flôrina », baraquements de bois et de briques créés pour abriter 38 autres familles de Grecs d’Arménie ; Tripotamon (ancien