2 AVERTISSEMENT. dionale, bigarrée, steppes ou marécages, est aujourd’hui hellénisée, irriguée ou desséchée, cultivée. Pourtant le problème macédonien n’est pas là seulement. L’ardeur des polémiques entre les frères sudslaves — Serbes et Bulgares —n'est pas éteinte. Mais il se transformait sous nos yeux mêmes. A u delà des frontières grecques, les efforts, parfois politiques, le plus souvent sanitaires et économiques, aboutissaient à une volontaire, parfois à une inconsciente colonisation. Après de lentes expériences, la colonisation iougoslave, qui faisait des prodiges dans la Vieille Serbie, Métokhia et Kossovo, aborda la Macédoine, s’employa par une campagne d'hygiène sociale, antipaludique surtout, à préparer un milieu propice à 39 632 colons. D’autre part, comprenant le péril que faisait courir à la paix européenne une émigration macédonienne instable, la Société des Nations entreprenait de liquider les biens des immigrés bulgares, d’installer loin des tentations des frontières et des dangers de la politique, sur les terres désertes et fertiles de la Bulgarie orientale, la majorité des 133 987 nouveaux réfugiés en Bulgarie. Autre entreprise malaisée, qui s'achève à l'heure présente. Etudier sur place ces phénomènes, ce fut l'objet de nouveaux voyages sur des terres déjà parcourues de 1916 à 1919, mais en des conjonctures plus calmes, durant les mois de septembre et d'octobre 1927, 1928 et 1929. Je ne crois pas que ma curiosité ait négligé un seul coin de la Macédoine (v. fig. 1), ni qu’elle ait été rebutée par des obstacles de tout ordre. Et j'ai complété cette enquête dans la Bulgarie sud-orientale, où sont établies les plus fortes colonies transplantées de Macédoniens. Ainsi, s'il peut paraître ambitieux ou téméraire de s'attaquer au plus délicat problème de l’Europe, à celui qui a toujours passé, proverbialement presque, pour insoluble, la méthode, que nous avons suivie dans cette étude, ne pose ce problème ni historiquement ni linguistiquement. Les civilisations, a écrit Vidal de la Blache — et nul de ceux qui ont entendu cette parole, burinant l’esprit, n’oubliera sa dette — « ne sont que des accumulations d’expériences ». Tenter de saisir une de ces expériences, brève et brutale peut-être en quelques-unes de ses méthodes, mais aussi souple et diverse, où le médecin et l’ingénieur, l’architecte et le commerçant ont leur place à côté du colon même, qui aboutit à changer, en dix ans, la physionomie d’une contrée disputée séculairement au nom des droits historiques ou de la science du langage, qui transfigure un champ de batailles, la nudité des steppes et des marais en une oasis de paix et de cultures neuves : ce fut là mon seul objet. Je ne puis oublier que, si j’ai pu mener à bien la tâche que je m’étais assignée, je le dois à tous ceux qui s’intéressèrent à cette enquête, m’aidèrent de toute leur volonté à aplanir maints obstacles : tout d’abord, aux trois gouvernements iougoslave, hellénique et bulgare, S. M. le roi Alexandre, le président Vénisélos et M. le ministre Bourof, qui mirent à ma disposition tous les moyens matériels ; aux représentants de la Société des Nations, partout présente, entre autres à M. Eddy et Sir John Campbell, président et vice-président de /’Office autonome d’établissement des réfugiés en Grèce; aux colonels de Reynier et Corfe, à M. Jacques La-grange, respectivement présidents et secrétaire général de la Commission mixte d’émigration gréco-bulgare ; à M. René Charron, commissaire de la Société des Nations pour /’Établissement des réfugiés en Bulgarie, et à son adjoint, M. Jean Loriot ; à MM. Domesticos et Petropoulos, directeur général et directeur-adjoint de la Colonisation en Macédoine (hellénique), à tous les ingénieurs-agronomes de leur service ; au professeur Pierre Iovanovitch, de V Université de Skoplié, qui a