24 LES FACTEURS DE LA CIVILISATION MACÉDONIENNE. C’est, enfin, la vie pastorale de Grèce qui se prolonge en Macédoine. Les Grecs nomment Vlakhoi, avec une nuance méprisante, ces nomades qui parlent un dialecte hellénique, voisin des patois de l’Acarnanie et de l’Étolie, sans la moindre trace de langue roumaine. Eux-mêmes se nomment Saractsani, qu’on a tiré, dit-on, du roumain sarac, qui signifie « pauvre » ou « gueux ». Ce sont, en effet, de modestes pâtres, dont les plus nombreux nomadisent en Épire entre les plaines d’Arta, de Préveza et les pâturages du Zagori (N.-E. de Iannina), de l’Agrapha. Ceux de Macédoine, vêtus aussi de la grande kappa à capuchon, faite de laine de chèvre noire ou grise, tenant en mains la klitsa, la longue houlette, se déplaçaient aussi à grandes distances, sous leur guide ou tséliggas. Des villages des plaines de Serrés, de Chalcidique, ils montent au printemps vers les stani des Rhodopes. D’autres sortent des bassins de Grévéna, de Castoria, de Flôrina pour gagner les hauteurs de l’Ouest de Bitolj. Les kalyvia y sont de solides cabanes, quadrangu-laires, dont les carcasses de bois et d’osier sont remplies de pisé, d’argile, sont recouvertes de tôle ondulée. Les stani de 10 000 moutons n’étaient pas rares. Mais les jeunes gens des familles riches, avec leurs petits chevaux, autrefois caravaniers ou kyratsis ( « agoyates » ), émigrent aussi vers les villes. Là encore le nomadisme pastoral n’est qu’un vestige de la vie d’antan.