CONCLUSIONS Au seuil de cette étude, purement analytique, il nous semble que nous pouvons tenter de dégager deux sortes de conclusion : l’une, toute régionale ; l’autre de méthode. 1° La Macédoine, domaine disputé jadis par la diplomatie et les armes, théoriquement aujourd’hui encore contesté à ses possesseurs par des soubresauts révolutionnaires, a donné naissance à une littérature immense, toute historique et linguistique. Nous avons fait porter notre enquête sur un terrain exclusivement géographique, au risque d’apparaître incomplet. Nous avons négligé volontairement toutes les questions politiques, qui peuvent prêter à polémique. Pourtant nous ne pouvons point empêcher qu’il ne se dégage de cette étude des conclusions politiques. D’abord, la Macédoine, qui a peut-être été une dans l’histoire, s’est dissociée. L’initiative humaine a créé là des frontières -—utilisation des bornes naturelles à l’Ouest et à l’Est, établissement de limites artificielles en son centre —. Les trois parties se sont développées depuis dix ans dans un sens tout spécial et l’effort a porté sur la fusion avec les peuples voisins : hellénisation du Midi, œuvre sanitaire et agricole du Nord, refuge dans l’Est des Macédoniens qui se considéraient comme Bulgares. Depuis 1919, la Macédoine méridionale est revenue à la Grèce ; depuis 1923, l’immigration des Grecs d’Asie Mineure et de Thrace l’a entièrement hellénisée ; l’Hellade y achève son périple égéen, commencé il y a un siècle. La Macédoine septentrionale est, depuis Bucarest et Neuilly, attribuée à la Iougoslavie : la route de la Morava-Vardar y a moins mené des soldats que des médecins et des ingénieurs, y a réparti des colons venus de tous les coins iougoslaves. La Macédoine orientale, conservée par la Bulgarie, reste un État dans l’État bulgare, où les révolutionnaires professionnels prétendent ne pas s’incliner ; mais déjà leurs ouailles sont établies en masse sur d’autres terres, se fondent dans la communauté paysanne bulgare. Ce sont là des faits, que les uns admirent, que d’autres condamnent. Mais ce sont des faits. En second lieu, la Macédoine est en paix. Ce n’est pas que quelques hommes ne se flattent point de la troubler. L’ère des attentats individuels n’est pas close, malgré les efforts des gouvernements : à peine un règlement frontalier vient-il d’être signé, à Sofia le 14 février 1930, entre la Iougoslavie et la Bulgarie, que des bombes, des coups de revolver éclatent encore à Kriva Palanka, Kotchané, Stroumitsa, et même à Pirot, loin cependant de la Macédoine. Nous sortirions du cadre que nous nous sommes tracé, si nous appréciions le rôle de Y Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne. Pourtant, ce qui n’est pas contesta- La Macédoine. 41