188 LA NOUVELLE MACÉDOINE HELLÉNIQUE. Pétorak), qui a reçu 43 familles arméniennes, cultivateurs de tabac et de maïs. Tous se ressemblent, avec leurs petites maisons en ordre, basses et coiffées de toits rouges retombant. Cependant, il faut la présence du chemin de fer pour maintenir en plaine ces villages. La plupart — comme jadis — se sont réfugiés aux pieds des pentes, des pentes regardant l’Est, surtout, exposées au soleil. Anô et Catô Caliniki (les anciennes Kalénik, du haut et du bas) (9 et 10 km. N.-E. de Flôrina) sont encore dans la plaine, avec le tabac que cultivent 26 familles du Pont. Mais Anô et Catô Cleinai (les anciennes Klechtina du haut et du bas) (7 km. N. de Flôrina) sont au débouché d’un torrent qui dévale de la montagne et au milieu de vergers : ici 86 familles et là 78 familles de réfugiés de Thrace, logées dans les vieilles maisons turques, de bois et de pierres, réparées parfois par les services de la colonisation. Dès que la montagne abrite des vents et offre ses eaux abondantes, le paysage se transforme, s’est transformé en dix ans. Les petites vallées, jadis boueuses ou pierreuses, quand les eaux sont abandonnées à leur fantaisie, se disciplinent dès qu’on les surveille. Ainsi la vallée, plus large, qui vient du col de Pissodéri et des confins albanais, qui débouche à Flôrina dans la plaine. Ce coin presque inculte est devenu un verger. Les nouveaux propriétaires montrent avec orgueil les fruits magnifiques, les énormes pommes et les muscats rouges, presque tous les arbres de l’Occident. Une station agricole modèle a donné le branle et l’exemple : les paysans y amènent leurs bêtes pour les croisements et viennent y chercher les greffes fruitières. Dans Flôrina même, dépeuplée de ses 5 000 Turcs, mais repeuplée de 10 585 Grecs purs, les constructions sont nombreuses : 100 maisons de briques neuves dans le faubourg Nord pour petits artisans — de tapis d’Orient entre autres — et petits commerçants ; et, dans le centre, un quartier tout nouveau, avec ses cafés et ses hôtels. Au delà de la plaine, tandis que le vieux village de Banitsa, mi-caché dans la montagne, défend la via Egnatia, et la passe de Gornitchévo, à 4 kilomètres au Sud, proche du chemin de fer, le village neuf, «station de Véui» aligne ses maisons régulières habitées par 37 familles du « Caucase ». La montagne, au reste nue et rocailleuse, ferme toute la Pélagonie au Sud. Les pistes, qui escaladent la menue Malaréka, retombent sur la plaine d’Ostrovo et du Roudnik. Entre les pentes et les marais du bas, pas un carré de terre qui soit perdu pour la culture : maïs, blé, seigle, orge, tabac, sans compter les pacages inondés, où paissent bœufs et moutons. Les villages ici sont mixtes, et parmi les réfugiés, les Caucasiens du Nord ont fait une place aux gens du Pont : tel Roudnik, ou plutôt Anargyros, occupé en partie par 61 familles des environs de Trébizonde : leurs petites maisons régulières, souvent colorées de bleu, contrastent avec le vieux village, plus à l’Ouest, mi-effondré, de briques rouges. Al’Ouest, la Neretchka planina présente son écran boisé et brumeux, jusqu’à 1 600 mètres d’altitude. Les bourgs perchés sur les ravins, comme Klissoura (la « Cluse »), la Vlakhoklissoura d’autrefois, à 1 230 mètres, gardent leur vieille population valaque, serrée dans de hautes maisons de pierres et de bois. Il faut redescendre sur la plaine de Castoria pour rencontrer des immigrés avec la réapparition des sols faciles et des cultures. Les Turcs sont partis. Les réfugiés leur ont succédé, ajoutant le plus souvent aux céréales maigres, seigle et orge, ies