284 SALONIQUE. Entre 1’ « Echelle » et le port, on retrouve encore aujourd’hui le dessin de la ville hellénistique. C’est là qu’en 316, dit-on, le roi Cassandre fonda la cité sur l’emplacement des petites cités grecques de Thermé et de Halia et par la réunion de vingt-six bourgades voisines. Ce qu’il faut noter, c’est que la nouvelle ville fut construite d’un seul jet, dans la situation qu’elle garda durant des siècles, et selon les plans favoris des architectes grecs, qui tenaient compte de l’exposition et de la direction des vents. On la prémunissait contre ces deux incommodités du site, le soleil du Midi trop ardent et le vent du Nord, le vent « du Vardar ». Aussi nulle façade au Midi ni au Nord. Les rues sont tout de suite orientées Nord-Ouest-Sud-Est, parallèles à la mer, Nord-Est-Sud-Ouest, perpendiculaires au rivage. Le dessin en échiquier se reconnaît dans les six artères parallèles, placées à égale distance, 90 mètres (les rues Egnatia, Ptolémée, Philippe, Saint Dimitrios, Alexandre et Cassandre), traversées à angle droit par une quinzaine de rues, distantes de 50 mètres : en somme, quatre-ving-dix à cent îlots de superficie égale. Au Sud de la rue Egnatia se trouvaient les agorai, sur l’emplacement des bazars turcs et actuels. A l’époque romaine, au me siècle de notre ère, la ville s’étendit vers l’Est, sur 300 hectares (2 km. de large sur 1 km. 5 à 2 km., de profondeur), jusqu’aux remparts d’aujourd’hui. La grande époque fut le ive siècle. Au début du siècle s’y place le martyre de Saint Dimitrios, patron de la ville (vers 306). C’est le moment où l’empereur Galère, vainqueur des Gots, fait de Thessalonique sa capitale.. A l’Est de la ville, au carrefour de deux grandes voies, dont la via Egnatia, il construit cet ensemble, aujourd’hui séparé, qu’on appelle 1’ « arc de triomphe de Galère » et la « rotonde de Saint Georges » : de ces deux monuments, jadis réunis, l’un est mutilé (il ne reste plus que deux piliers sur quatre, avec, sur les pieds-droits sculptés, des scènes religieuses ou militaires) et l’autre est défiguré par toute une architecture adventice, chapelles et minaret. Au Sud de l’Arc était l’Hippodrome, et non loin le Stade; près de la rotonde, le Forum.. De la fin du ive siècle, sans doute de l’époque de Constantin, qui à Thessalonique se convertit au christianisme, datent les remparts de briques, qui ceignaient la ville, laissant seulement en dehors le port (on a retrouvé le tracé des murs au Nord de l’ancien port), et, lors des sièges, on fermait le bassin par des navires coulés et des chaînes. Les auteurs byzantins nous montrent une ville très verte, enfouie dans les jardins, comme nombre de petites villes macédoniennes actuelles. Des fontaines devant les églises ; une canalisation d’eau, que Michel Comnène remit en état au xne siècle ; des bains publics qui, plus tard, au xive siècle, étaient même trop nombreux pour la population. Des arbres isolés, surtout des platanes, motif habituel des villes de l’Est méditerranéen. Des maisons grimpant jusqu’à l’Acropole (les maisons actuelles de l’ancien « quartier turc « ont encore des soubassements byzantins). Et, au centre la via Egnatia, déjà tumultueuse et passagère, dallée de marbre. Ailleurs, des rues à portiques, comme le « Portique des Forgerons ». Des éventaires nombreux, encombrant la voie publique, si bien qu’un magistrat spécial, Vastynomos, est chargé de veiller à l’application des règlements de l’étalage. Déjà des quartiers particuliers, le « quartier des marins », le « quartier des Juifs » : ceux-ci tendent à se mêler au reste de la ville, et sont rappelés à l’ordre par les protestations des archevêques. Enfin, l’époque byzantine est celle des grandes églises, qui font de Salonique une « ville d’art » célèbre : la basilique à coupoles de Sainte Sophie et ses mosaï-