LA SECONDE COLONISATION. 95 minuscule (1 ha. 1 /2 pour cinq personnes en moyenne), se sont établis en 1924 sur les 9 hectares attribués : c’est le bois du Kaïmaktchalane, dont le profil sombre se dresse à l’Est, qui a servi, avec les briques locales, à édifier la maison neuve. Les émigrés de Novatsi (10 km. E. de Bitolj) — 7 familles surtout choumadiennes — ont pris possession des maisons turques, au reste refaites de briques et tuiles, et ont planté des vignes, qui réussissent, depuis trois ans. Les colonies du Banat et de la Batchka : le Tikvech. — Sur la terre meuble et sèche — sables argileux, parfois calcaires, du néogène —, de la plaine ondulée du Tikvech, la colonisation n’apparaît pas, de prime abord. Entre les blés, au rendement faible (12 qx à l’ha. maximum), les maisons de pisé gris, reposant sur cailloux roulés, sont toujours celles qui abritaient les Turcs misérables de jadis. Mais les Turcs sont partis. A leur place, au bord des terrasses se sont installés des Serbes des plaines pannoniennes, du Banat et de la Batchka. La terre, chez eux, était trop chère : 40 000 dinara l’hectare. Ici, pour trois fois moins, on acquérait champ et maison. C’est donc un nouveau type de colonisation : une colonisation libre dans les maisons des Turcs (v. cartes 10 et 11, pl. XXIV-XXV). Ce sont d’immenses villages, groupés, qui se cachent au creux de vallées ravinées, en été à peu près sèches. Aux vieilles cultures de jadis, qui les enserrent encore, l’orge et le seigle, le sésame et l’opium, les gens du Nord ont joint le maïs, qui mûrit en 90 jours, et des plants tout nouveaux, pommes de terre, betteraves, tournesols, qui n’ont point donné de mécompte. Et ces paysans instruits amènent des procédés modernes : les tracteurs labourent la terre ; moissonneuses et batteuses marchent durant l’été. C’est le paysage des alentours de Timianik (2 km. S. de Négotine) où sont arrivées, en 1927 et 1928, 127 familles serbes, dont 109 de « Voïvodina » (Banat et Batchka), et même 18 familles hongroises et 2 familles allemandes, qui ont suivi les émigrés. C’est le paysage de Tremnik (7 km. S.-E. de Négotine), où aux 25 familles turques restées (sur 105) se mêlent, depuis 1928, 4 familles de la Batchka, assez riches pour avoir acheté 80, 100, voire 250 hectares, de Prejdévo (9 km. 5 S.-E.) où 60 familles de tchiftchia ont partagé la terre turque avec 21 familles serbes, en majorité arrivées en 1928 et 1929 de la Batchka et du Srem voisin. Une originale colonisation est celle de la faible partie du Tikvech située sur la rive gauche du Vardar. Pépélichté (face à Krivolak) est une colonie d’intellectuels. 35 familles de colons aisés ont quitté, de 1925 à 1927, la Serbie (6), la Dalmatie (8), surtout le Banat et la Batchka (17). On y rencontre un juge, disciple de Tolstoï, quatre ingénieurs agronomes, qui font des expériences, et jusqu’à deux instituteurs allemands du Banat. 22 familles de Tsiganes demeurées sur place fournissent une partie de la main-d’œuvre. Le blé et le maïs se juxtaposent à l’opium, au ricin, au sésame, à la moutarde ; les essais de coton réussissent, mais, au milieu de ces ondulations rases, pauvres en chaux et en phosphore, menacées par le ruissellement sur les pentes de flysch, le tabac, tenté, est médiocre. Non loin de là, à Voïchantsi, un ingénieur français dirige une exploitation céréalière de 600 hectares, que la loi au reste réduit à 200. La partie centrale du Tikvech, moins ravinée par l’érosion, conserve bien plus d’humus. Quelques colons ont quitté l’Est pour cette zone plus féconde. Ainsi, à Maréna (3 km. 5 N. de Kavadartsi), où, depuis mars 1929, 28 familles