LES COLONIES URBAINES. 207 saire d’importer des laines d’Asie Mineure, une crise de mévente s’annonce, qui n’est pas sans préoccuper du lendemain. L’industrie. — Les immigrés urbains en Macédoine introduisirent, une industrie en un milieu, alors exclusivement rural et commerçant. Jusque ces dernières années, les seules industries macédoniennes étaient ou l’artisanat rural (et l’on continue, certes, à filer, voire tisser la toile, la laine nécessaires aux vêtements, à les orner de ces broderies pittoresques, générales aux Balkaniques), ou l’industrie agricole, dont la plus importante est la manipulation du tabac. Les Grecs d’Asie importèrent l’industrie manufacturière au sens propre de ce terme : les Pontiens travaillaient le cuivre, les Ioniens les poteries, les Caucasiens étaient des orfèvres d’argent, des repousseurs de cuir, les gens de Brousse tissaient les soies, ceux de Smyrne et de l’intérieur les tapis de laine. Toute cette industrie, qui fit la fortune de la Turquie d’Asie, passa, dans les bagages des réfugiés, en Europe, en Grèce. Dans les faubourgs des petites villes, on entend parfois le martelage d’un atelier pontien, on voit ce matériel rudimentaire, tour, étau, cisaille, pince et lime, pour fondre, rougir, forger le cuivre, à l’instar des chaudronniers. Ou bien ce sont les potiers de Kioutaïah ou Brousse, qui façonnent ces faïences émaillées, dont les verts, les rouges, les bleus, les ors ne sont point rivaux de ceux de Turquie, car les kaolins ne s’exportent pas, mais qui, tâtonnant encore, poursuivent la tradition nationale. Pour fixer la part de la Macédoine dans cette industrie nouvelle, il suffira de citer ce chiffre : à la foire internationale de Salonique, qui donna, en 1927, des échantillons de toute la production industrielle de la Grèce, coupes, amphores et lampes de cuivre, carreaux et vases de faïences, voiles de soie bariolée et kilim de laine vive, cigarettes et raisins secs, sur 336 exposants hellènes, 193 étaient des réfugiés de Macédoine. Toute cette fabrique est disséminée dans les petites villes. La seule, qui soit groupée en fabriques, est l’industrie textile. Le Piémont de la Campagne salonicienne, Verria, Naoussa, Edessa, etc., est bordé de chutes d’eau, de moulins, de filatures pour la laine, le coton, la soie. Les seuls produits textiles macédoniens et thraces (les statistiques ne les séparent pas) rapportèrent en 1928 534 200 drachmes sur 1 222 156 drachmes, valeur des produits industriels de Macédoine et de Thrace : 148 350 drachmes de fils de coton, 210 000 drachmes d’étoffes de laine, 31 600 drachmes de soieries, 36 000 drachmes de tapis. Le tapis — à côté de cette industrie ancienne et disséminée — forme une industrie neuve, importée et concentrée. Les « tapis de Smyrne », c’est-à-dire exportés de Smyrne, ont émigré à Salonique. Ce sont toutes les qualités d’Asie Mineure, surtout les fins Sivas (193 600 points au mètre carré), les Sparta de Pisidie, dont la trame est moins serrée (85 600 points) et, en outre, une qualité nouvelle, plus grossière, spécialement fabriquée en Grèce pour le marché américain, les Seldjouk. Les couleurs — chimiques — sont transportables. Laines et fils sont du terroir. Par dessus tout, le savoir-faire s’est exilé — les dessinateurs grecs ont emporté leurs secrets — et fait prime, maintenant au détriment des Turcs, sur les marchés de Londres, de New-York. Celui-ci absorbe 70 % de la production grecque, 250 000 mètres carrés. Ce sont les petites villes qui ont été choisies par l’Office autonome, afin de combattre la surpopulation des autres. Il consacra £ 100 000 à installer cette industrie des tapis, 5 600 métiers, 11 000 ouvriers pour la Grèce. Il aida la coopé-