LA PREMIÈRE COLONISATION. 65 18 de la Voïvodina, 9 du Monténégro et 1 de Slovénie. Enfin, nulle préoccupation d’hygiène : on installe des familles indemnes du paludisme dans des régions palustres ; on les laisse bâtir à leur gré leurs maisons nouvelles et les inévitables errements, la routine les poussent à construire les demeures les plus insalubres. D’où une morbidité, voire une mortalité considérables, et, comme conséquence, l’exode, la rentrée au premier foyer. Cette malheureuse expérience dura jusqu’au jour où l’on s’aperçut que l’état sanitaire primait tous les autres facteurs de la colonisation. L’Institut d’hygiène de Skoplié, fondé en 1921, établissait en 1923 son réseau de stations sanitaires et entreprenait une lutte résolue et méthodique contre le paludisme. Rien ne montre mieux les raisons profondes de ces mécomptes que l’exemple de l’Ovtché polié. L’Ovtché polié. — L’Ovtché polié est un bassin fermé, entouré de tous côtés par de hautes montagnes : cette couronne de monts humides et frais, de bois de petits chênes et de champs de pastèques, contraste en été avec les herbes brûlées, jaunies des collines, avec les chaumes de blé ou de maïs d’en bas. Chose curieuse : ces versants n’apportent pas l’eau à la plaine. Celle-ci n’est guère parcourue que par des vallons secs. Probablement de fortes dislocations — comme en témoignent les montagnes granitiques et andésitiques du pourtour et des pointements de basalte —, des affaissements et des glissements ont créé des fissures, où les eaux des pentes se perdent. Dans la partie centrale, il n’y a presque pas d’eau (v. cartes 5 et 6, pl. XVIII-XIX). La ceinture des hauteurs (au-dessus de la courbe de 500 m.), autrefois forestières, maintenant défrichées, offre de faibles inclinaisons, de petits plateaux cultivables. Au pied de ces terres, surtout éruptives, des sources et d’anciens villages. Une seconde ceinture, plus basse (au-dessus de l’isohypse de 300 m.) entoure ensuite le bassin, étroite au Sud (5 km. au maximum), large au contraire vers le Nord et l’Est (12 km.) : ce sont des coteaux coniques, sédiments marins (oligocènes), calcaires gris, blancs et bleus et cailloux rouges, surmontés des grès et sables lacustres (néogènes). De l’herbe au printemps. L’été, c’est une zone sèche et aride, un désert où seuls les moutons trouvent à glaner. C’est un terrain salé — le sel provient de l’énorme quantité de chaux du sous-sol —, impropre aux cultures, sauf dans le lit de petites vallées, où blés et pavots poussent quand même. Le fond de l’Ovtché polié — élevé encore à plus de 240 mètres — est couvert de cette terre noire, appelée smonitsa, qui provient, sur toutes ces plaines du centre balkanique, des lacs tertiaires asséchés, et qui est souvent fertile. Malheureusement, elle ne l’est pas toujours : tantôt l’érosion l’a fait glisser et elle se présente en falaises dénudées ; tantôt elle se couvre, près des rivières ou des ruisseaux, de particules diluviales ; tantôt, quand elle est noyée d’eau, elle se charge de chaux et de sel. La plupart des eaux de surface contiennent des sels, sulfates et carbonates de calcium, de sodium. La forte et rapide évaporation, propre au climat de la région, maintient des sels à la surface. Il se forme là des zones marécageuses (slatiné), ou, quand l’inondation n’est que temporaire, des prés bas (livadé), qu’on utilise pour le foin. Les régions les plus fertiles sont donc celles où, faute de ruisseaux, la terre noire n’a pas subi de modifications importantes. Ainsi, les alentours d’Erdjeliia, La Macédoine. 9