206 LA NOUVELLE MACÉDOINE HELLÉNIQUE. En 1920 les 9 441 habitants d’Edessa s’éparpillaient au large dans les ruelles couvertes de pruneraies et de vignes. On en comptait 13 115 en 1928, et, dans ce nombre, 7 000 réfugiés. Le centre n’a guère changé avec ses rues étroites, escaladant les rigoles, les branches multiples de la rivière, tournant autour des places ensoleillées, tassant les boutiques aux multiples éventaires du commerce balkanique. De part et d’autre de la ville, au contraire, de nombreuses transformations, fabriques qui s’élèvent, profitant des eaux, quartiers nouveaux surtout, où s’abritent les réfugiés. Au Nord-Ouest, le quartier urbain bourgeois, où ont trouvé place 280 familles, dont les deux tiers viennent de Smyrne, les autres de Trébizonde ou d’Andrinople, des petites villes du Pont, de Thrace : des fonctionnaires, des avocats, des médecins, des professeurs qui continuent leurs anciens métiers. L’Office autonome a construit pour eux en 1925 et 1926, 512 maisons de 30 000 drachmes chacune : le nouveau venu verse en entrant la faible somme de 3 000 drachmes, s’engage à verser le solde dans un délai de dix à quinze ans. Parfois il agrandit, il améliore sa demeure, ajoute des pièces, soigne un ver- I I I 7m 10 i i ____ HR ■n Chambre Cuisine Chambre 50 - IV étage Rez-de-chaussée _8m50_ Vestibule Entrée Chambre “ i ir Chambre bui 6m 3 ZJ --- Chambre i n Chambne = Vest ib ule i Entrée Fig. 35. — Types de maisons de réfugiés à Edessa. A gauche : maison bourgeoise du quartier du N.-O. — A droite, maison ouvrière a étage, pour quatre familles, du quartier du S.-E. ger, un potager. L’Office se propose encore de construire 50 maisons de 33 000 drachmes. C’est un faubourg de plaisance, où les maisonnettes, gaies sous leur crépissage de chaux et leurs toits de tuiles rouges, s’ordonnent de part et d’autre de rues propres et de jardins (v. fig. 35). A l’autre bout de la ville, et regardant la plaine, au Sud-Est, est le quartier ouvrier. Ici ont été bâties 64 maisons de quatre familles chacune. 256 familles y habitent aujourd’hui, 150 émigrées de Smyrne, 50 du Pont, 56 de Thrace. On a dû aller vite, en 1924, pour abriter de pauvres gens. Les maisons de briques, enfouies dans les arbres fruitiers, sont sommaires : briques posées à la hâte, enduites de chaux, toits de tuiles et parois minces (v. fig. 35). Ce sont des habitations modestes et banales, comprenant une chambre, une cuisine et w.-c., d’une surface totale de 21 mètres carrés, qui reviennent à 10 625 drachmes (environ £ 37). Chacune des nouvelles maisons, dont la façade rouge est coupée de diagonales blanches, abrite quatre familles en quatre logements et deux étages : la plate et laide banlieue européenne a fait son apparition dans la fraîche petite ville bleue d’antan. Les fabriques ne sont pas loin, à toutes les portes de la ville. Les nouvelles ont dressé des métiers de tapis anatoliens. Trois d’entre elles occupent 370 ouvriers, dont seulement 30 indigènes, fabriquent par an 16 000 mètres carrés. Mais, depuis que la Turquie s’est remise au travail et qu’il est néces-